Un jeune diplomate allemand, en poste à Tokyo, écrit chaque mois à sa sœur Liese restée à Berlin. Il lui raconte son travail, l’atmosphère de la ville impériale en ces années de guerre, ce qui se trame, se dit, se complote... et lui conte ses confidences sentimentales dans ce Japon, replié sur lui-même, avec ses traditions, ses croyances et le culte de l’obéissance passive que le peuple voue à l’empereur.
A travers les lettres, on découvre la vision du monde des Allemands, alors certains de remporter la guerre et celle des Japonais, insouciants ou inconscients de ce qui se vit réellement en Europe et de ce qui adviendra. Malgré ses prises de positions patriotes, difficile de savoir si Friedrich est réellement nazi ou s’il profite du système à des fins professionnelles et personnelles, trop content de ne pas être au front. Raffiné, cultivé, il semble au-dessus de tout ça, subjugué par un pays qui lui ressemble et dont le mode de pensée le séduit. Assez rapidement, il se fait une place dans la bourgeoisie locale et quand il ne se consacre pas à sa collection de gravures d’Hiroshige, il médite sur la responsabilité des hommes.
Dans ce roman sensible et terrible à la fois, Romain Slocombe dresse le portrait d’une civilisation menée au désastre par le fanatisme de ses dirigeants. Le style réaliste et sobre colle particulièrement bien au récit et nous mène aux dernières pages, bouleversantes, que l’on lit la gorge serrée.
Ce récit aurait pu être un presque coup de cœur si Friedrich avait eu un peu plus de consistance, d’épaisseur. Mais ce jeune homme naïf, planqué, sans grande envergure, m’a semblé bien fade.