Je suis très loin de bien connaître l’œuvre abondante de Franz Bartelt, grand bonhomme humble, drôle et fichtrement sympathique que j'ai eu le bonheur de côtoyer durant trois jours à l'occasion d'une récente édition des Quais du Polar.
Mais je garde un excellent souvenir d'Hôtel du Grand Cerf, du culte Jardin du bossu ou du Fémur de Rimbaud. Aussi attaquais-je ce nouveau roman avec joie et espoir d'un bon moment.
Raté, hélas.


On retrouve dans Un flic bien trop honnête les ingrédients typiques du cocktail Bartelt : des personnages iconoclastes aux noms improbables, une situation de départ invraisemblable qui dégénère dans la bonne humeur, une intrigue tordue dont l'aspect policier passe très vite au second plan, des rebondissements insensés...
Sauf que le tout semble avoir été assemblé par-dessus la jambe - si vous me passez l'expression étant donné qu'un des protagonistes est cul-de-jatte.


Le roman démarre pourtant bien, entre le coup de sang de l'inspecteur qui cogne gratuitement un aveugle, la description hilarante de son bureau arrangé "comme dans un de ces films français qui singent les séries américaines", et l'entrée en scène de personnages tous plus barrés les uns que les autres.
Très vite, cependant, l'intrigue trop ténue peine à faire tenir le tout ensemble, et ne sert qu'à dérouler une suite de dialogues certes brillants, voire réjouissants à l'occasion, mais qui ne suffisent pas à susciter un réel intérêt sur la longueur.


Du reste, le roman, fort bref, souffre d'une conclusion totalement bâclée, à tel point que j'ai cru qu'il manquait des pages dans l'exemplaire numérique que j'ai lu. Le coupable est prévisible, le principal rebondissement final aussi, et la chute donne vraiment l'impression que l'auteur a renoncé lui-même à poursuivre par manque d'intérêt pour sa propre histoire.
A moins qu'il ait réalisé les limites de son exercice, en glissant dans les dernières lignes cet aveu signé de l'assassin :



Peut-être mes crimes sont-ils un peu trop littéraires..., se navrait-il. Évidemment, c'est le risque quand on ne veut voir que le côté récréatif des choses !



Reste un moment de lecture plaisant, grâce au style enlevé et au délicieux humour décalé de Franz Bartelt ; hélas, aussi vite oublié qu'il est terminé.

ElliottSyndrome
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lectures 2021 (liste évolutive)

Créée

le 29 mai 2021

Critique lue 220 fois

ElliottSyndrome

Écrit par

Critique lue 220 fois

D'autres avis sur Un flic bien trop honnête

Un flic bien trop honnête
ElliottSyndrome
5

À tâtons

Je suis très loin de bien connaître l’œuvre abondante de Franz Bartelt, grand bonhomme humble, drôle et fichtrement sympathique que j'ai eu le bonheur de côtoyer durant trois jours à l'occasion d'une...

le 29 mai 2021

Du même critique

Un jour ce sera vide
ElliottSyndrome
6

Du trop-plein pour conjurer le vide

Pour développer ce genre d'histoire, il y a plusieurs moyens. Soit on raconte ses propres souvenirs d'enfance et, à moins d'avoir vécu quelque chose d'absolument exceptionnel qui justifie un...

le 24 août 2020

15 j'aime

3

Équinoxe
ElliottSyndrome
10

Le trac

Après le succès aussi monstrueux qu'inattendu d'Oxygène (18 millions d'exemplaires vendus dans le monde, une bagatelle), il y avait un risque certain de voir Jean-Michel Jarre souffrir du syndrome de...

le 5 févr. 2020

11 j'aime

1

1492: Conquest of Paradise (OST)
ElliottSyndrome
10

Vers l'éternité

Estimer que 1492 est le meilleur album de Vangelis peut ressembler soit à une évidence, soit à une facilité. En terme de technique et de virtuosité, ce n'est sans doute pas le cas, d'ailleurs. De ce...

le 29 mars 2020

11 j'aime

3