Un libraire en colère par Chaaw
Ce livre m'a franchement énervée. Etant en première année de métiers du livre, je commence à avoir relativement assez de connaissances pour cerner le monde du livre, ses problèmes, ses difficultés, même si je n'ai pas l'expérience de Mr Delhomme. J'ai l'occasion de discuter avec un certains nombres de libraires, de professionnels du livre en général, et même si tous nous font comprendre que le métier de libraire est difficile, qu'il faut être passionné et compagnie, aucun n'est aussi défaitiste que lui.
Selon Emmanuel Delhomme, le nombre de personnes lisant se compte presque sur les doigts d'une main, et les autres, ceux qui ne lisent pas, ne sont qu'une bande d'abrutis qui passent leur temps devant la télé, le foot, les journaux people. Il pense avoir le plus beau métier du monde (ce que je ne nie pas), et en déduit qu'il peut se permettre toutes les remarques les plus désobligeantes aux quelques clients qui osent s'aventurer dans sa librairie. Il refuse d'évoluer avec le temps, ne regarde pas la télévision, ne va pas sur internet, ne possède pas de téléphone portable. Comme je l'ai dit, il se permet d'être odieux avec les personnes qui rentrent dans sa librairie, et qui peut-être prendraient le temps de poser des questions, d'en apprendre un peu plus sur les livres, s'ils ne les accueillait pas en faisant la gueule et en leur balançant des phrases qui font bien comprendre qu'il les considère comme inférieur à lui. Il considère que si une personne n'est pas clairement passionnée par les livres, elle n'est pas digne d'intérêt. La librairie, même si elle concerne une occupation relativement égoïste et solitaire, reste un commerce, et donc exige un minimum de relationnel, et d'amabilité envers les clients. Qu'il ne s'étonne pas de ne pas attirer les foules, s'il continue de traiter les clients de cette façon.
Ensuite, il semble se plaindre que les gens ne s'arrêtent pas devant sa vitrine, ou s'ils s'arrêtent, regardent quelques instants et repartent. Une vitrine, ça se travaille, ça s'imagine, ça se réfléchit. La vitrine, c'est ce qui va attirer les clients dans la librairie, donc c'est peut-être l'élément qu'il faut le plus travailler. Une fois que le client est rentré dans la librairie, une grande part du travail est fait. Là encore, je me base sur les expériences des quelques professionnels que j'ai eu l'occasion de rencontrer.
De plus, il se permet de critiquer Indignez-vous à cause de sa petite taille, et de son petit prix, il prétend que ce sont les deux seuls points qui font que ce livre se vend. C'est déjà un peu hypocrite. Et ça l'est encore plus quand on voit que Mr Delhomme nous pond là un livre de 90 pages, ou plutôt une très longue complainte de 90 pages, et cela pour la modique somme de 11€.
Pour en revenir à la technologie, il passe son temps à se plaindre que les gens sont en permanence accrochés à leur téléphone, leur ordinateur et autres objets technologiques. Il n'a pas compris qu'il peut utiliser cela comme un avantage. Il pourrait créer un site web, mettre pas mal de choses en place, mais Mr Delhomme ne veut pas sortir de sa petite zone de confort, et préfère se lamenter sur son sort.
Donc Un libraire en colère nous raconte comment Mr Delhomme est malheureux, dans sa librairie des Champs Elysées. Mais son livre ne résout rien. Il balance quelques tonnes de clichés, se plaint sur sa situation, se vante de ses répliques sarcastiques, se plaint sur sa situation.
Si on ajoute à ça que l'écriture est franchement pas terrible, et que quelques phrases nous font parfois nous interroger sur leur sens, ce livre est vraiment pas terrible.
SI vous voulez vous faire une idée de la librairie, par pitié, ne lisez pas ce livre. Bien sûr que les librairies indépendantes connaissent de nombreuses difficultés, bien sûr que la vie n'est pas toute rose, mais croyez moi, il y a certaines choses qui peuvent permettre de s'en sortir, ce que Mr Delhomme semble n'avoir pas compris, ou alors il veut juste ne faire aucun effort.
C'était la critique d'Un libraire en colère par une lectrice en colère.
