«Pendant un an, j’ai donc entrepris d’explorer la cinquantaine de zones blanches figurant sur la carte n. 2314 OT de l’Institut Géographique National, qui couvre Paris et sa banlieue. Au cours de cette quête, j’espérais comme les héros de mes livres d’enfant, mettre au jour le double fond qui manquait à mon monde.»

Dans un monde où déserts et jungles sont tous déjà connus, où toutes les grandes villes finissent par se ressembler sous l’effet de la mondialisation, Philippe Vasset part explorer les interstices, ces zones blanches sur la carte d’Ile-de-France, où l’espace «apparaît irrégulièrement perforé de trous bien nets, comme une boite de chocolats vidée de ses meilleures pièces».

La recherche du merveilleux caché se heurte très vite à la réalité, la misère et les bidonvilles, omniprésents en lieu et place du trésor escompté. «Paris se retournait comme un gant : le dénuement d’ordinaire relégué à la périphérie ou aux profondeurs de la ville affleurait à la surface et s’affichait en pleine lumière.»

Et raconter cette dérive devient problématique : comment rendre compte de cette expérience, de cette apnée urbaine ? Interviewer ceux qui campent dans la boue en pleine ville, matérialiser les traces des zones blanches par un trait de peinture, créer une communauté d’activistes de ces zones blanches… ?

«Un livre blanc» est un, caractérisé par cet article indéfini, mais aurait pu être autre. L’écriture prend la forme de ces errances, de ce flottement ; «pendant des mois, je n’ai rien écrit au propre. » La langue elle-même s’appauvrit pour rendre compte des zones floues, devient informe au contact de ces paysages troués, friables. Et de fait le livre, témoignage précieux, ne forme pas un ensemble, mais plutôt des parcelles, des miettes de désordre urbain, en phase avec ce désir de Philippe Vasset d’inventer une forme.
MarianneL
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le 14 juil. 2013

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