Alain Yvars est un auteur passionné de peinture qu'il associe à son don pour l'écriture dans une série de nouvelles offrant une immersion dans la biographie d'un peintre.
Avec "Un noir joyeux", il s'attache à Edouard Manet. Le récit est narré par Berthe Morisot, elle-même peintre, qui fut modèle pour le maître avant de devenir sa belle-soeur. C'est Berthe que l'on peut admirer sur les toiles "Le balcon" ou "Le repos" notamment, sans oublier le très beau portrait "aux violettes" où la jeune femme est vêtue et coiffée de noir. Un noir que le peintre a su rendre "joyeux" et non funèbre.
L'approche narrative est originale et intéressante. Le lecteur se retrouve assister aux funérailles d'Edouard Manet aux côtés d'autres illustres peintres et hommes de lettres de l'époque (1883).
Le texte d'Alain Yvars est bien documenté et il s'en dégage une vraie subtilité qui dépeint à merveille la relation ambiguë entre Edouard et Berthe, une relation faite à la fois de séduction, de respect, de camaraderie et d'admiration. A la mort du grand peintre, son beau-frère, Berthe portera longtemps le deuil, vêtue d'un "noir joyeux". Le destin de cette jeune artiste constituerait en lui-même une belle matière à un roman et je suis reconnaissante à Alain Yvars de lui avoir donné vie et parole le temps d'une nouvelle.