"Il m'amuse, il m'amuse, il m'amuse !... Et le plus drôle, peut-être, c'est qu'en dépit de son bel âge, de son orchite éléphantiasesque, de sa faux à couper les courants d'air et de son air boniface, de sa timidité vert bouteille, on subodore, chez lui, dans son attitude envers les "dames", une sorte de distance qu'il n'a pas envers ses pairs, ses compagnons : les représentants locaux du sexe masculin. Vrai, ce bonhomme m'amuse, m'amuse... Envers nous autres, gent à gésines et lactations et menstrues... une sorte de léger mépris qui ne saurait venir de son propre esprit - inexistant -, et qu'il faut bien supposer infus au plus profond de ses veines, sinon dans un grand sac de peau et de proliférations adipeuses qui lui tient lieu de virilité !... Mépris involontaire, inconscient, sans doute, chez cet être trop volatile pour supporter un sentiment fort ; mais qui lui donne parfois une certaine aura d'ironie, lointain feu follet... et met dans ses grands yeux vert bouteille une touche légère, infinitésimale, du plus ancien, du plus modeste et du plus indéracinable "racisme" qui soit : celui du pénis contre la matrice."
Voici un extrait du roman "Un plat de porc aux bananes vertes" co-écrit par Simone et André Schwarz-Bart. Un roman témoignage dans lequel la narratrice, vieille créole terminant sa vie dans un hospice à Paris, confie ses souvenirs. Réminiscences d'une vie misérable et riche de leçons, au gré de notre regard sur les comportements humains.
Le hic, c'est que moi, ce style lyrique et emphatique, je n'y adhère pas, il me fatigue beaucoup car il m'oblige à une attention pointue inconciliable avec mon besoin de détente et de plaisir quand je me plonge dans la lecture d'un roman. Relire les phrases plusieurs fois pour espérer les comprendre, sans perdre le fil du récit, découvrir de nouveaux mots à chaque paragraphe en m'y heurtant plus qu'en les savourant, très peu pour moi.
Roman de 210 pages seulement mais qui fut un chemin de croix jusqu'à l'abandon. Le style comme le rythme auront eu raison de moi.