Je ne peux pas dire, les premières pages ne m’ont pas déplu. J’ai aimé l’atmosphère assez tristounette de ce début de roman qui met en scène un narrateur avouant dès la première ligne : « J’ai un poème et une cicatrice. »
Cet homme, un comptable solitaire, se rend chaque soir dans un café pour discuter avec les rares clients qui sont devenus, au fil du temps, des amis : Lisa, la serveuse, Sam et Thomas. Se dessine alors le portrait d’un homme meurtri qui n’attend plus grand-chose de la vie et cache une mystérieuse cicatrice et certainement un passé bien lourd.
Un jour, empêtré dans son écharpe, il renverse du café sur ses vêtements. Thomas se lance : « Pourquoi n’enlèves-tu pas cette foutue écharpe ? »
L’autre accuse le coup. Parler de son passé n’est pas son fort, parler tout court d’ailleurs n’est pas dans ses habitudes. Mais, le lendemain, il revient au café avec la photo de son grand-père, Pierre-Jean, et commence à raconter. Une délivrance commence pour lui…
Est-ce parce que je connaissais le poème dont est tiré le titre du roman et du coup, très vite, j’ai deviné la fin ? Non, je crois surtout que, si j’ai trouvé assez amusant le glissement progressif dans un univers étrange et absurde, au début en tout cas, hélas, je pense que trop, c’est trop. Cela m’a semblé souvent forcé et, il faut bien le dire, artificiel, comme relevant du procédé. On perd de vue l’intrigue principale pour prendre un chemin de traverse qui nous mène à une digression, puis à une autre sans que tout cela soit vraiment justifié, fondamental ou porteur de sens, comme si ces longs passages se voulant très farfelus ne servaient finalement qu’à retarder la révélation finale, sans apporter grand-chose à l’histoire.
Non, vraiment, j’ai eu du mal à traverser ce livre malgré des pages amusantes sur l’univers de l’entreprise notamment.

Un avis donc mitigé pour cette œuvre qui aurait certainement gagné en force en s’allégeant de quelques pages et en limitant, je pense, cette tendance actuelle à placer dans un même lieu des gens ou des choses disparates ou « improbables » comme disent les quatrièmes de couverture pour faire « coup de folie », « original à tout prix ». Si l’auteur s’amuse à jongler avec les mots et les situations, le lecteur, lui, s’épuise, s’enlise et finit par se lasser. Enfin, quand je dis le lecteur, je parle pour moi car c’est un livre qui a trouvé son public et c’est bien là l’essentiel…


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le 16 sept. 2016

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