Une enfant comme les autres par Aelyse
Tout le monde a ses faiblesses. Certains se ruent sur la chick-lit, d'autres sont fan de vampires étincelants, dévorent des Marc Levy ou collectionnent les SAS... Qui suis-je pour en juger? Moi, j'adore Torey Hayden, et je m'y replonge régulièrement.
Pourtant c'est toujours la même chose: des enfants (dont un cas particulièrement troublant) inadaptés qu'on a déjà condamnés à ne jamais s'en sortir forment une classe dirigée par une éducatrice brillante pleine d'empathie et de ressources. Tout patauge et stagne plus ou moins, parfois ça empire considérablement, mais un jour: le miracle. Puis de belles évolutions, fulgurantes ou plus progressives, et l'année scolaire se termine, tout le monde est content et a appris plein de choses, et parfois même des vies sont sauvées ou radicalement modifiées.
C'est la formule de base, ça ne casse peut-être pas trois pattes à un canard, mais j'y reviens toujours. C'est ma bulle d'oxygène à moi. C'est beau, plein d'espoir, de persévérance, et ça nous enseigne que peu importe le milieu pourri où l'on naît ou nos handicaps, il y a toujours moyen de s'en sortir, et de faire plus que ce que les autres attendaient. Ce ne sont pas des romans mais des témoignages, il est important de le préciser, sans quoi cela aurait peut-être moins d'impact. Ces enfants existent, les histoires sont réelles, tout est réellement arrivé. Et ça m'émeut dans mon coeur.
Ce livre-ci ne fait pas exception à la formule, mais y ajoute un élément: Ladbrooke, la mère d'une des élèves, femme somptueuse d'apparence glaciale... et alcoolique. C'est "l'enfant comme les autres" du titre puisqu'elle a à peu près autant de problèmes que les gamins, voire plus. Elle devient bénévolement l'assistante de Torey au sein de cette petite classe.
C'est cette intrusion qui a perturbé le charme habituel des livres de Torey Hayden: elle traite Ladbrooke comme une gosse, exactement comme l'un des cas de sa classe, ce qui m'a prodigieusement agacée. Je m'attendais à plus d'humanité, à une relation amicale, à de l'entraide... en gros, j'aurais voulu qu'elle devienne son amie et se comporte comme telle, et pas comme une thérapeute un peu froide qui analyse tout dans le détail. C'est d'autant plus frustrant quand on lit que cette pauvre Lad est déjà considérée comme un enfant par son mari. L'attitude de Torey envers Lad a vraiment gâché le plaisir de cette lecture: quand on a envie de secouer un bon coup le personnage principal, c'est que quelque chose ne tourne pas rond.
Je n'ai aucune formation en psychologie, je pense être relativement équilibrée dans ma tête (en tout cas, je fais bien illusion en société), mais si j'avais des problèmes psychologiques et que je souffrais de dépendance à l'alcool, et qu'on me traitait de la sorte, il faudrait ajouter la violence physique à la longue liste de mes méfaits.
C'est pour cette raison loin d'être le meilleur des livres de cette auteur que j'aime beaucoup. Les gamins sont attachants, mais puisqu'on se concentre moins sur leur histoire (je dirais presque qu'ils passent au second plan), on perd ce qui constitue à mes yeux le principal attrait de ces témoignages. De plus, il s'agit de la dernière classe dont Torey Hayden avait la charge, et ce récit a logiquement pris un tour plus personnel qui ne me parle pas: je m'en moque un peu de savoir quand elle mange des spaghettis et si elle aime aller à la piscine, je veux me concentrer sur les histoires des enfants. Mais je suis quelqu'un de cruel. Peut-être que les autres lecteurs adorent apprendre que la bouffe mexicaine, c'est vraiment sa préférée.
A conseiller aux fans de l'auteur, mais peut-être pas pour la découvrir... Ce serait trop dommage de la cantonner à cela!
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lus en 2013