Vectorama
8.3
Vectorama

livre de Arthur de Pins (2016)

Du A de Arthur au Z de Zombillénium: De Pins dans tous ses états et en grand format

Critique et extraits sur: https://branchesculture.com/2016/12/14/images-dessins-arthur-de-pins-artbook-vectorama/


Une fois dans votre vie, vous avez tous déjà vu au moins une fois un dessin, une affiche, une couverture ou même un clip d’Arthur De Pins. Si vous dites non, on ne vous croit pas! Car, en quinze ans de carrière, celui qui se prépare à exploser un peu plus les codes du cinéma d’animation (du moins, on l’espère bien) avec Zombillénium avait matière à concevoir un formidable artbook (un premier était sorti en 2007 mais assez réducteur). C’est désormais choses faites avec Vectorama, une mine d’or à garder précieusement.


Ouf, il est arrivé avant Noël et on va pouvoir le glisser sous le sapin! Ce n’est pas grâce aux Chinois qui, sous prétexte que le livre était porno (on vous rassure tout de suite, il ne l’est pas même pour un poil, l’auteur s’affirme plus dans le registre « coquin » mais pas que…), ont refusé d’imprimer cet artbook conséquent. Tant pis pour eux, on leur laisse le panier de crabes, quant au reste, ça en fera plus pour nous.


Et on ne croit pas si bien dire avec Vectorama: un titre qui va comme un gant pour définir le travail de celui qui est devenu le roi du dessin vectoriel et des aplats, dans la lignée de Monsieur Z et même du… Créateur (Arthur est convaincu que Dieu (ou la Nature ou quel que soit son nom) a créé le monde sur Illustrator). En grand format, ce livre compile ce qu’Arthur De Pins a fait de mieux. Et, à même pas quarante ans, le natif de Bretagne, qui a préféré les Péchés Mignons chics et en chair ainsi que les boîtes de crabes au Kouign-amann natal, a de la bouteille.


Pourtant, c’est vrai qu’en tapotant sur le net le nom de celui qui maîtrise Illustrator et Photoshop à la perfection, on est vite réduit à quelques images de Chicas, ces petites femmes potelées et sexy en diable qui peuplent les quatre tomes de Péchés Mignons et de nombreux visuels (pour la collection Osez… notamment). Un syndrome « Dany » qui n’est pourtant que la face immergée de l’iceberg. Car, en grattant un peu (mais pas trop pour ne pas abîmer ce tentaculaire album qu’est Vectorama), Arthur de Pins, ce sont de merveilleux dessins à profusion. Une imagination sans limite.


Mais avant tout, Arthur De Pins, c’est une entrée fracassante dans le monde de l’animation avec Géraldine, un court-métrage de fin d’étude qui rafle une flopée de prix et témoigne d’un style en émergence. Avec de l’humour, du fantastique, un regard sur la société (et plus particulièrement, les relations hommes-femmes) et un peu d’érotisme. Prenant au pied de la lettre Michel Sardou et « son voyage en absurdie qu’il fait lorsqu’il s’ennuie« , voilà l’étrange histoire de Gérald qui se réveille transformé… en femme.


Mais si ce joli coup encouragera Arthur De Pins à persévérer dans cette voie, parallèlement, c’est dans le character design (on vous parlait justement de ce métier, ici) qu’il crée son petit monde, le peuplant d’une grande variété de personnages: des femmes (forcément, de l’infirmière à la mécanicienne), des cowboys, des animaux sportifs, des extra-terrestres mais aussi les futurs héros de conte de fée de la série Magic (avec Michel Coulon, produite par Xilam) qui connaîtra une saison et sera diffusée sur Disney Channel puis France 3 et Gully. Une série qui, aux dernières nouvelles, huit ans après la première saison, devrait connaître une suite!


Ainsi, la visite formidable de Vectorama (qui n’est pas de tout repos tant il faut regarder dans tous les coins pour ne pas perdre une miette du spectacle) se poursuit au fil des chapitres au nombre de six: Characters, Clubbers, Crabs, Chicks (ces « chicas » qui ont fait tourner bien des têtes de lecteurs), Humans et Freaks. On fait le plein d’images, Arthur De Pins n’a pas été radin pour le coup. D’autant plus que, sur internet, on ne trouve que des parcelles du travail de cet auteur éclectique et productif.


Que ce soit sur les dancings pour le magazine Wombat ou l’actu people pour Max Magazine ou encore dans le monde de la publicité dont Arthur De Pins semble un peu dégoûté à force d’entendre la même chanson et d’être confronté à certaines volontés sexistes. « Il était temps que j’aille japper ailleurs« , confie-t-il à Frédéric Vidal, dans la courte interview qui remet en contexte cet artbook. Par volonté de l’auteur, pas mal de dessins « atroces mais bien payés » n’apparaissent pas.


Pas de quoi bouder son plaisir pour autant: à chaque page, ou quasi, brille un trésor. Ceux de la partie bien connue de l’iceberg ne sont pas en reste mais il y a aussi d’autres raretés. Comme ces tableaux et portraits basés sur des modèles vivants ou fantaisistes (une sirène alcoolique, par exemple).


Ou ces projets de couverture pour des films comme Les Tuche et Le grand méchant Loup (assez amusant de voir Benoît Poelvoorde, Kad Merad et Fred Testot entre les pinces d’Arthur), ces affiches de festivals BD ou ces visuels pour des sites (aucune frontière ne l’arrête, on le retrouve même dans les pays scandinaves).


Sans oublier les contenus de ses diverses expositions, à la galerie Arludik notamment, et un fameux match de catch féminin par profil Facebook interposé avec Jüne (relaté ici par Ederweld).


Puis, comment évoquer Arthur De Pins sans revenir au début et évoquer le cinéma, mais aussi la BD. Car les deux sont intimement liés dans la carrière de De Pins. On a parlé des Péchés Mignons, mais ce serait faire de l’ombre aux crabes, ces crustacés fétiches qu’Arthur mit d’abord en scène dans le court-métrage phénomène « La révolution des crabes« avant de leur donner suite (faute de producteur prêt à relever le défi d’une suite en long-métrage) dans une trilogie de BD.


Et dans le sens inverse… Fan de monstres depuis les bancs de son école catholique (les deux étant assez inconciliable, cela lui a valu quelques « Vade retro satanas »… ou assimilés), c’est en 2008, après la réalisation d’une couverture d’Halloween pour Spirou (et après un autre projet tout aussi monstrueux qui n’aboutit pas) qu’Arthur De Pins donne vie à l’univers de Zombillénium.


Une série BD fantastique et un peu horrifique évoquant la vie tout sauf tranquille d’un parc d’attractions rempli de monstres. Mais aussi une critique sociale du monde des grandes entreprises toujours prêtes à faire plus de bénéfices, même s’il faut pour cela vendre son âme au… Diable.


Après trois épisodes (et en attendant les trois autres qui boucleront (?) la série) et un clip dément pour Skip The Use, Arthur se consacre depuis 2013 à la mise en chantier du film Zombillénium, en co-réalisation avec Alexis Ducord.


Sortie prévue le 18 octobre 2017 (en attendant, il y a la page Facebook) et Vectorama lui sert de fameux prélude. Pourvu qu’Arthur De Pins n’arrête pas en si bon chemin son parcours d’exception, on en redemande. Vous n’aviez pas d’idée pour Noël? Vous voilà servi!

Alexis_Seny
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Créée

le 14 déc. 2016

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Alexis Seny

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