Comment justifier l’injustifiable ? En s’inspirant librement de la vie de Stella Goldschlag, une juive qui collabora avec les nazis en dénonçant de nombreux juifs, Laurent Sagalovitsch ne cherche pas à justifier son comportement mais sonde les tréfonds de l’âme humaine et montre - à défaut d’expliquer - comment les circonstances de la guerre et le désir de rester en vie peut parfois pousser l’être humain vers un comportement complètement immoral.
Dans le roman de Sagalovitsch, cette femme s’appelle Vera Kaplan et nous apprenons son histoire en même temps que son petit fils - qui ignore tout de cette grand mère - grâce à une lettre laissée par Vera et au journal qu’elle a tenu durant la guerre.
La partie la plus forte du livre est sans conteste celle concernant le journal de Vera Kaplan car elle montre le lent basculement de celle-ci vers l’horreur qui l’a conduit à dénoncer les siens pour les envoyer vers une mort certaine. Les différentes arrestations relatées par Vera sont parfois très dures tant elle n’hésite pas à trahir des personnes qui se confient à elles et lui font confiance. Vivre, vivre avant tout, à n’importe quel prix même au prix du sang et aux mépris d’autres vies humaines.
Un livre forcément bouleversant de par son sujet mais aussi un exercice délicat que Laurent Sagalovitsch relève sans complaisance en plaçant des mots parfois très durs dans les écrits de Vera lorsque celle-ci s’insurge par exemple contre les juifs, coupables selon elle d’avoir accepté trop facilement leur mort, d’avoir été résigné et de ne pas avoir montré de signe de révolte.
Une histoire incroyable et bouleversante qui laisse malgré tout un goût amer devant tant d’inhumanité.