Vers l'abîme, livre de Erich Kästner, fait partie de ceux qui ont subi l'autodafé contre certains romans et auteurs en 1933 et qui a été brûlé. Jugé pour sa soi-disant dégénérescence et anti-allemand, le livre est pourtant une critique de la population de l'entre-deux guerres et surtout d'un système qui a permis l'avènement des extrêmismes.
Vers l'abîme suit Fabian, un intellectuel de 32 ans, diplômé et travaillant pour le compte d'une boite en tant que publicitaire. Fabian vit pourtant avec son ami Labude de manière assez perdue. Le monde autour d'eux semble comme fou. Les milieux bourgeois, riches, aisés, appelez-les comme vous voulez, semblent être en proie à la débauche, à vivre sans morale, à échanger femmes et hommes comme bon leur semble, à coucher pour une carrière ou pour de l'argent.
Pourtant, Fabian constatant cela semble se complaire par moment dans ce milieu. Il fréquente les bordels et ces lieux de débauche. Il dépense lui aussi les marks promis pour une nuit avec une fille de joie.
Véritable critique d'une politique et d'intellectuels qui ferment les yeux. Car derrière ces apparences frivoles, la montée des extrêmes est bien présente. Les communistes et le parti nazi sont là en arrière-fond.
On sent aussi que ce monde échappe à toute raison. Labude finira par se suicider suite à une mauvaise blague sur sa thèse, l'amour ne semble pas trouver sa place. En fait c'est l'individu lui-même, en tant que tel qui semble insignifiant, comme le démontre cette fin, abrupte (peut-être trop).
Kästner a néanmoins le mérite d'avoir écrit un livre au sujet universel, dont le propos semble encore et toujours d'actualité, surtout au vu de notre époque actuelle.