Haïti. Son soleil, ses plages de sable fin, sa mer turquoise, sa chaleur moite, ses alizés, son café, son rhum, sa misère, ses blancs qui continuent à tenir les postes clés. Et sa tradition vaudou.
Dany Laferrière nous conte son pays et l’attrait – le pouvoir – qu’il exerce sur nos sens. Car Haïti nous attire, nous prend dans ses filets de façon insidieuse et nous change. Si vous vous rendez sur cette île envoutante, vous rentrez différents. Si vous rentrez un jour chez vous.
Par l’exemple de plusieurs femmes mûres, l’auteur décrit la puissance du vaudou et du désir sexuel. Ces femmes rangées, mariées depuis des lustres ou veuves, qui pensaient en avoir fini avec la bagatelle et qui reviennent tout à coup à la vie. Les jeunes éphèbes à la peau noire qui se promènent à demi-nus sur les plages les affolent. Elles ressentent de nouveau un désir qu’elles avaient oublié, ou enfoui tout au fond d’elles même. A en croire Dany, Haïti est un véritable baisodrome ou tout le monde fornique avec tout le monde. Un monde à part, intermédiaire entre celui des hommes et celui des dieux. Un monde qui sait aussi se montrer cruel, impitoyable avec les plus faibles. Manger ou être manger. Dominer ou subir. Une jungle lascive où la torpeur du climat exacerbe les sentiments.
On croise la route de Françoise Saint-Pierre, directrice d’un lycée français, celle de Christina, d’Ellen, de Brenda, de Sue ou de M.R., une journaliste d’un grand canard parisien qui était venue faire un reportage sur l’île et qui ne parvient plus à rentrer chez elle.
On croise aussi la route de Fanfan, de Charlie, de Chico ou de Mario, des gamins de 17, 18 ou 20 ans qui n’hésitent pas à séduire leurs aînées à la peau si blanche afin de gagner un peu d’argent. Comme à l’accoutumé avec Dany Laferrière, le récit est passionnant et passionné, fort bien écrit et ensorcelant. Un livre à la fois poétique et magique. Un livre assez chaud avec des scènes explicites. Un livre fort agréable à lire durant les vacances au soleil.