Wash
6.5
Wash

livre ()

Margaret Wrinkle nous éclaire grâce à cette fresque romanesque sur un épisode méconnu de l’esclavagisme américain : la reproduction des esclaves, menée par des Blancs en quête d’argent.

Wash est le fils de Mena esclave « salée », arrachée à son Afrique natale. Achetée par un maître plutôt clément avec ses esclaves, la jeune femme a pu inculquer à son fils les traditions de son pays. Mais le jeune Wash est une forte de tête, incapable d’accepter sa condition, brisé plusieurs fois, trouvant refuge auprès des chevaux, puis de Pallas, une jeune esclave, elle aussi brisée par ses maîtres. Pourtant Wash est un bel homme, qui attire les femmes et il en profite, car au travers elles, ce sont ses racines, ses ancêtres et sa culture qu’il retrouve.

Son maître, Richardson, l’a bien compris, aussi décide-t-il de l’utiliser pour la reproduction, afin d’avoir sous la main de jeunes esclaves à vendre sans avoir à les acheter, alors que le taux de vente des esclaves dans le sud est en hausse.

Dans ce roman plusieurs voix s’entrecroisent pour raconter cette histoire : hommes, femmes, blancs, noirs, maîtres, esclaves, les portraits ne sont jamais manichéens et tout est fait avec subtilité, ce qui est vraiment appréciable. Tous les personnages deviennent tour à tour attachants ou effrayants, on se sent lié à leurs destins.

Malgré tout, je n’ai pas réussi à totalement aimer ou entrer dans le récit. En effet, le narrateur change très souvent, parfois annoncé par un nom, on passe alors à la première personne, parfois non, au détour d’un saut de ligne, et alors on passe au point de vue omniscient. Soit. Mais on fait également des allers-retours entre le passé et le présent, ce qui devient vite perturbant et empêche le récit de s’envoler. Certes, on retrouve là le mouvement de la mer cher à Mena et Wash, le lien entre les ancêtres et les vivants, mais cela plombe la dynamique du récit. À plusieurs moments, je me suis perdue dans les digressions, oubliant qui parlait ou me rendant compte que mes yeux avaient continué quelques lignes sans mon esprit. C’est très dommage, car j’aurais aimé dire que j’ai adoré ce récit et finalement je ne peux pas. Alors c’est peut-être aussi de ma faute, je n’ai jamais pu me plonger dedans plus de dix minutes sans être interrompue, mais le récit n’a jamais réussi à me capter suffisamment pour me faire regretter de lever la tête et me donner envie d’y retourner au plus vite.

Au final, c’est un livre au style bien travaillé, aux personnages, surtout, extrêmement humains, avec une histoire intéressante et bien menée, mais il manque une petite étincelle et je le regrette.
Kissed-by-fire
6
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le 28 févr. 2015

Critique lue 427 fois

Kissed-by-fire

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