À la colonie disciplinaire et autres récits par Underwriter
Comme il est difficile de juger un écrivain, ou tout autre artiste, sur le contenu d'une seule de ses oeuvres, je me suis tout de même fait violence en attaquant un autre livre de Kafka, auteur que j'avais fort peu apprécié en subissant la lourdeur du « Procès ». Du coup, je me suis plongé dans « La colonie pénitentiaire », en prenant une grande inspiration, m'attendant à subir à nouveau une apnée de lecture forcée fort éprouvante. Et encore une fois, le sentiment général est très mitigé, c'est à dire parfaitement partagé.
Recueil de nouvelles inintéressantes, « La colonie pénitentiaire » a tout de même pour elle d'avoir, en plus de la nouvelle éponyme qui fait la seule force du livre, une adaptation réussie qui permet de moins souffrir que sur « Le procès ». Mais voilà, 90% du livre est constitué de texte courts, très courts, trop courts même pour avoir un intérêt quelconques. La plupart faisant une page et demi à peine, il n'y a rien : pas d'univers, pas de personnages, pas de situation, juste une suite de mots et de phrases dont la vacuité n'a d'égal que le contenu du cerveau d'un militant de l'UMP.
Point d'intérêts donc que ce livre, hormis la nouvelle nommée « La colonie pénitentiaire », ou l'on retrouve ce qui fait le « charme » des univers de Kafka : un système devenu tellement complexe que ceux qui l'ont conçus ne le contrôlent plus et en deviennent les victimes dans une déliquescence jouissive. Mais 30 pages de plaisirs relatifs valent-ils de se fendre de presque 200 pages de souffrances ?
Le divorce est consommé, Kafka ne trouvera pas grâce à mes yeux, ni maintenant, ni jamais. On m'a peut-être trop rabattu les oreilles avec le prétendu génie de cet auteur qui restera pour moi, j'en ai peur, qu'un Moorcock pour bobos en mal de sensations pseudo-intellectuelles. Adieu, Kafka !