Chaque majuscule est le début d'un autre monde

On dit souvent que l'on vit une seconde fois par le cinéma, mais combien de vie traversons dans notre chemin littéraire.


Ce que je sais c'est que, pour Proust, chaque phrase est une porte vers un lieu mais aussi, paradoxalement, vers soi.


Vous connaissez tous le concept de "madeleine de Proust" que vous avez appris à l'école, une route vers un souvenir et l'explication s'arrête là, alors que c'est cosmiquement plus puissant que ca.


Cosmiquement car ce n'est pas une écriture cosmétiquement illusoire si c'est si souvent imagé. En effet, ce n'est pas de la description, c'est une pensée réfléchie au lieu d'une simple évocation de ce qu'il se passe. Plus tu as de pensées dans ton quotidien de ce qui se passe autour de toi plus tu es touché par le style de cet auteur malade.


Souvent au lit, il a souvent rêvassé, des mondes entiers dans chaque bribes de ce qu'il percevait par la fenêtre : n'inventant pas des univers magiques mais dévoilant la féérie de chaque détail. C'est une qualité de percevoir ceux-ci dans chaque évènement et objet qui nous parcourent, c'est un talent de trouver quelque chose qui brille dans un rien, c'est du génie d'en recouvrir complètement le monde pour le vivre d'une manière totalement sucrée.

Le monde est un gâteau, tout le monde cherche à avoir une part sans que jamais personne, avant cet écrivain, prenne le temps, dans le noir, de comprendre que presque tout à une odeur qui ne nous quitte jamais.


Nos yeux peignent nos vies selon ce que l'on perçoit et pourtant les hommes se contentent du noir et blanc, ou plutôt de gris de la monotonie, un seul ton pour la seule idée qu'ils ont pour leur vie.


Ces deux là n'apparaissent pourtant que la nuit ou l'hiver, lorsqu'on est chez soi à attendre que ca passe, mais c'est peut-être ca justement, les gens se droguent de toutes les sensations possible, et quand ils sont seuls avec eux-mêmes, ils se perdent.


Leur manière d'être est un prolongement de l'état de la nature environnant : ils n'ont jamais cherché à être conscient, s'inconscientisant et laissant les forces agir sur eux.


Proust, à force de rester dans la pénombre, a carrément fini par discerner les fils de la réalité, et a commencer par les tisser de la façon qui l'arrangeait : chaque maison devient une bibliothèque sur plusieurs étages, chaque jardin, une foret, et chaque fontaine, une plage.

Le monde s'élargit quand on se fait minuscule devant les créations des hommes et des dieux. Petit, pas forcément par humilité, mais plutôt par assagissement par la prise de conscience de notre ignorance face à tout ce que l'on pensait être bon et juste.

Il n'y a pas de bien dans l'esprit et comment il tord la réalité comment on voudrait qu'elle soit pour que le monde change après, dans les faits, pour soi.

Celui-là doit simplement se purifier pour resplendir et illuminer nos alentours, si on veut que l'univers brille plus, on a rien à astiquer sur lui, tout n'est que cristal, rien ne peut salir la création de Dieu : on peut juste le tailler pour que la lumière se réfléchisse de la meilleur des façons dans les yeux de tous les hommes.


Proust a ouvert une voie de la taille d'une entité lovecraftienne, celle-ci à traverser les nuages pour montrer que le ciel est accessible à tous ceux qui veulent avoir des étoiles dans les yeux. Faire tomber des mondes près de soi à chaque pensée que l'on peut avoir sur chaque action, personnes près de soi, lieux que l'on connait ou objet sur lequel on s'attarde.


Encore une fois, ce n'est pas créer des micros dimensions fantasques qui prennent la place d'un coin adjacent à nous, mais se rétrécir dans une fissure que l'on a réussit à créer en brisant la glace entre nous et ce que devient le monde : de plus en plus lisse à force d'accélérer les flux.


Ce génie est, quand à lui, parvenu à fusionner, pour le temps d'écriture de ce chef d'œuvre parmi les chefs d'oeuvre, son oeil arc-en-ciel et sa vie de citadin morose.


Chaque micro-évenement est une occasion de fêter l'âme humaine et sa puissance créative, et non pas imaginative, car faire apparaitre de l'anti-réel dans les esprit n'est pas gage de qualité mais souvent de perdition (ne réussissant pas à s'accrocher à la terre pour en faire pousser quelque chose, on s'envolant et se perdand dans le vide de l'atmosphère, en imaginant toutes sortes de créatures, sans remarquer que le manque d'oxygène, et que c'est certainement pour ca que le délire s'accentue).


Créer de l'idée sur tes perceptions, un lien entre le présent et le futur ; plus tu collectionnes de détails plus tu crées de chemin entre les corps et les associent pour former des lieux encore plus étincelant : tes pensées, toujours plus d'étincelles qui sautent d'un combustible à l'autre pour ne révéler que les merveilles qui se cachaient sous tes yeux, tes croyances limitantes.


Dans son livre, cet illustre à réussi à faire sauter ton regard d'une phrase à l'autre comme si une frontière les séparant tout en te donnant envie d'aller toujours plus loin dans ce qui te paraissait l'inconnu le plus pur du fait de ton gigantesque éloignement de ton point de départ : c'est un ouvrage dont on ne ressort pas indemne pour toutes les raisons qu'il constitue un véritable multivers-multidimensionnel.


Chaque majuscule est l'avertissement qu'un nouveau lieu va apparaitre en toi, par plein de possibilités d'invocations différentes (lieu, personnes, temps, habits,...), tu n'en seras pas forcément le héros, peut-etre sera-ce une connaissance ou le lieu lui-meme, ou, en fait, c'est à chaque fois le sentimentalisme le personnage principal.


C'est ce qui te permet de vivre chaque seconde de ton monde, ne pas perdre ton temps dans les émotions que ton milieu à choisi pour toi qui se superposent à tes devoirs de citoyens.

La jardin d'Eden ne peut apparaitre que quand les hommes veulent coaguler l'univers du spirituel et celui de la matière, pour l'instant ils le dissocient exprès pour une jouissance instantanée, nerveuse... frénétique... usante, accoutumante... l'inverse de ce sentiment que l'on recherche dans les courants d'existence dans lequel on nage.

La vie remplace celle-ci quand on allume l'étincelle dans nos yeux lorsqu'on veut vraiment voir les choses comme elles sont : le monde ne s'est jamais caché lui-même, ce sont les marchands qui l'ont recouvert pour faire briller des pièces.

L'univers est un grand temple, et chaque création bien pensée est une occasion de le prier.

Récompenser l'effet criant et non pas l'abstraction sifflante.


Ce génie dans chacune de ses phrases te permet de faire couler des étoiles en toi, c'est ca qui le rapproche de Dieu.

En effet, ce n'est pas toi qui vagabonde dans des pensées mais bien des moments de l'univers qui te traversent directement pour te changer.

Des reviviscences d'une mémoire universelle et intemporelle, une conscience inter dimensionnelles qui te fait vivre ton destin de plein de façon différentes mais aussi de plein d'autres gens, le déjouant justement.

Prendre réellement sa vie en main, c'est lorsque tu arrives à sortir de toi tout ce que tu peux en l'attirant par les idées correspondantes.

Faire ressortir tes sentiments enfouis pour comprendre ce que tu veux réellement, sinon tu restes une feuille blanche sans caractère.


Chaque idée de Proust est une porte vers une possibilité de changer ton esprit vers le mieux, une réflexion pour soi-même.


Une ode à la joie, cette œuvre étant celle s'en rapprochant le plus car la plus proche de la satisfaction de la réalité le plus clairement. Tu te demandes pourquoi tu n'arrives pas à stopper ta lecture de l'ouvrage le plus long du monde et un des plus ennuyeux, tout simplement parce que tu ne peux pas vouloir arrêter de vivre, juste de commencer à mourir, en cachant le livre et tes richesses dans le fond d'un tiroir : tu le fais inconsciemment par peur du changement que tu sens sur toi et ton environnement.


Si tu es perdu, regarde quelqu'un d'autre que toi déambuler, tu sortiras de moults rêves et cauchemars sans avoir pourtant fermer l'oeil.

Janenba
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le 6 nov. 2023

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