Bon, il faut arrêter une fois pour toute cette grande hypocrisie "proustienne".
Rares sont les personnes qui ont lu et relu La Recherche dans son intégralité. Ça prend du temps, une lecture n'est pas suffisante. Voilà pourquoi on décroche assez souvent, on saute des pages, on soupire mais on s'émerveille aussi. On se dit surtout qu'on ne pourra jamais écrire comme Proust.
On ne dira jamais assez que c'est génial, qu'il y a tout dans La Recherche. Oui et c'est aussi effroyablement long mais ce n'est pas du tout problématique, au contraire. C'est ce qui fait l'insaisissabilité même de l'oeuvre puisqu'on ne peut jamais achever sa lecture. Proust c'est toujours "entrain" pour paraphraser Deleuze. Il y a un devenir proustien.
La Recherche c'est aussi des passages incroyables : La Madeleine, le sommeil d'Albertine, l'épisode de la bottine (ô combien important mais que beaucoup de présumés proustiens ne sauraient situer ou expliquer)
Ne vous affolez pas. La Recherche a cela de bien que vous pouvez commencer à lire n’importe où. La chronologie, sans être complètement inexistante, est aléatoire. De toute façon, autant l’admettre d’emblée, vous n’avez pas fait l’emplette d’un super polar. C’est cent fois mieux ! L’histoire ? L’intrigue ? Inconnues au bataillon proustien, diront certains. Aussi, ne les recherchez pas. Il n’y en a pas ! Faut-il assez le répéter : La Recherche n’est pas un roman. C’est une œuvre inclassable ! Ce qui compte, c’est le style. Alors commencez où bon vous semble. Vous pouvez très bien ouvrir un des tomes au hasard. Cela vous évitera d’évaluer à chaque instant le nombre de pages qu’il vous reste encore à lire. Et vous aurez la surprise de découvrir une intrigue, car en fait, La Recherche en fourmille, le tout, c’est de les lire. Il n’y a pas une seule histoire, mais un foisonnement d’histoires. Vous serez ravis.
La Recherche c'est surtout essayer comprendre cet anachronisme qui empêche si souvent "le calendrier des faits de coïncider avec celui des sentiments."