À moi seul bien des personnages par Hameçon
John Irving est un de mes auteurs préférés mais j'ai lu très peu de son œuvre. La raison en est le traumatisme que m'ont causé deux de ses livres Le Monde Selon Garp et Hôtel New Hampshire (lequel fait partie de mes livres préférés). J'approche donc chacun de ses livres avec une circonspection importante. Longtemps j'ai cru que j'allais commencer Une Prière pour Owen mais je n'y suis pas parvenu.
À moi seul bien des personnages est le quatrième roman de lui que je lis. C'est la première fois que je le découvre en anglais. Son style est tout de suite reconnaissable - les traducteurs ont donc fait un travail remarquable (à ce sujet, les titres des livres de John Irving en français sont toujours formidables et ce dernier ne fait pas exception). Le livre a reçu un prix décerné par l'organisation LGBT américaine Lambda. À sa lecture, il n'est pas difficile de voir pourquoi. John Irving réutilise énormément de thèmes déjà évoqués dans ses précédents ouvrages - rien ne sera dépaysant si vous l'avez déjà lu - mais le résultat est différent. John Irving a réellement préparé son sujet puisqu'il parvient à adopter une sensibilité et une sincérité profondément homosexuelle. De l'éveil de la sexualité à l'épidémie de sida des années 80, John Irving dissèque méticuleusement le vie d'un bisexuel avant et après Stonewall.
Il faut le dire tout de suite. Le livre n'a pas la force de ses plus célèbres ouvrages. Mais le thème choisi et la sincérité d'Irving en auront fait un vrai coup de cœur. Le style est comme toujours très agréable et la construction du livre très réussie. Le narrateur passe d'une idée à l'autre, d'une relation amoureuse à l'autre avec facilité. On se laisse déconcerter avec plaisir et porter par le fil du récit. Irving nous promène avec une telle facilité à travers l'histoire de ses personnages que chaque page est une vraie joie. Quand vient l'inévitable jeu de massacre des derniers chapitres - où les personnages que l'on a appris à aimer sont sacrifiés les uns après les autres - ce n'est pas la tristesse mais un sentiment de finalité qui nous envahit. J'ai trouvé paradoxalement ce livre beaucoup plus optimiste que les précédents que j'avais pu lire. Il m'a remémoré instantanément pourquoi j'avais aimé ses précédents livres, que j'ai lu il y a pourtant longtemps. De façon plus importante, ce livre m'a redonné envie de lire John Irving.
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