À travers temps , ou A Bridge of Years dans sa version originale , est un roman de science-fiction paru en 1991 , écrit par le romancier canadien Robert Charles Wilson. Wilson est ce que je considère comme un très grand écrivain de part l'intimité qu'il a su insérer au cœur de ses œuvres de science-fiction ; son roman Blind Lake est pour moi d'ailleurs la preuve qu'il est tout à fait possible de rendre cohérent une collision entre la sf et une littérature peut-être plus proche des questions "romantiques" , "existentialistes" de l'individu. Ses héros gèrent d'abord leurs angoisses et leurs rapports aux autres avant d'entreprendre la compréhension de l'extraordinaire événements dont ils sont les spectateurs ou les acteurs.
Dans À travers temps , l'auteur nous emmène à la rencontre de Tom Winters , un homme qui tente de reprendre contrôle sur son existence. En effet , ayant été marié pendant pas mal d'années avec une libertaire , alors qu'il était lui même employé d'une entreprise gouvernementale destiné à élaborer la Star Wars de Reagan , Tom perds d'un seul coup ces deux repères et sombre peu à peu dans l'alcool et l'atonie. Épaulé par son frère Tony , le bonhomme retourne pourtant dans sa ville natale , Belltower , où celui ci lui a déniché un boulot dans une concession automobile. Il y dégote d'ailleurs une maison , une vieille bâtisse ayant appartenu à un certain Ben Collier , porté disparu depuis dix ans. Et pour cause : celui ci est un voyageur temporel , et ce que Tom ne sait pas c'est que l'ancien propriétaire serait toujours là et se reconstruit après une attaque , quelque part dans la forêt jouxtant la maison , à l'abri des regards...
Sans doute le grand coup de frein que j'attendais sans vraiment le désirer concernant Robert Charles Wilson. Ce livre est...décevant , je ne vais pas me voiler la face. Et pourtant , Dieu sait que j'ai redouté le moment où je me mettrais à prendre du recul avec l'auteur Canadien car il est sans doute l'un de mes auteurs favoris et je deteste par dessus tout être mesquin en cherchant la petite bête aux bons écrivains. Mais là , nous ne parlons pas de petite bête ; le livre n'est juste pas raccord avec le reste du répertoire de l'auteur.
Je ne saurais pas vraiment dire ce qui est gênant avec ce livre. L'absence de toute mélancolie , véritable griffe de Wilson ? Le fait que les personnages parlent constamment de paradoxes et qu'il nous est même pas offert d'en voir l'ombre d'un ? Les placements de produits indiscrets en faveur d'une célèbre marque de jean ou encore d'une moins en moins célèbre marque de chaussures ? Ma foi tout cela et sans doute autres choses encore comme l'étalement inutile d'une partie du livre totalement immobile et de ce fait foncièrement inutile , le relief quasi-inexistant des protagonistes et - encore une fois - ce coté limé de la narration à cause de quoi il est impossible de percevoir le mal-être des personnages.
C'est dommage. J'aurai aimé l'aimer celui là , tout comme Julian , Le Vaisseau des Voyageurs ou encore Blind Lake. Si vous avez lu cette critique jusqu'au bout , alors je ne peux que vous recommander ces trois là plutôt qu'A travers temps.