Peu d’auteurs osent s’attaquer aux livres religieux, pourtant Boualem Sansal propose une réécriture de la genèse avec Abraham ou la cinquième Alliance.
En1916, Terah décide de quitter Tell al-Muqayyar en Syrie (l’ancienne Ur de la Mésopotamie) avec son clan, pour rejoindre l’antique pays de Canaan, aujourd’hui partagé entre Israël, Palestine, Liban, Syrie et Jordanie. Il est en effet, persuadé que son fils, Abram, est la réincarnation d’Abraham, « père fondateur » du monothéisme, avec le judaïsme, le christianisme et l’Islam.
De Tell al-Muqayyar à Canaan, en passant par Harran, les pèlerins traversent un Moyen-Orient en prise avec les conflits entre Européens et Ottomans.
Abraham ou la cinquième alliance est un roman ambitieux, aux références historiques nombreuses, qui tout en relatant les événements et le quotidien du clan, dénonce clairement les puissances occidentales. C’est avant tout une recherche utopique, d’un monde idéal, d’une unité des peuples tant évoquée par les différentes religions du Livre.
Il faut voir ce livre comme une œuvre politico-religieuse qui décrypte la transformation du Moyen-Orient au cœur des conflits de plusieurs pays du monde, pour mettre la main basse sur toutes les richesses qu’il représente.
Les Européens, sous couvert de bonnes intentions se sont présentés comme les libérateurs du carcan Ottoman, alors même que c’est l’emplacement géographique stratégique qui les intéresse. C’est une conquête de territoires et de nouvelles richesses, qui modifie en profondeur les frontières du Proche-Orient, avec l’exode et la disparition de plusieurs peuples, pour atteindre son point culminant, avec en 1948, le plan de partage de la Palestine, qui entraîne toute la région dans une guerre sans fin.
La plume de Boualem Sansal, ne peut laisser indifférente, elle invite à la réflexion sur la foi, sur l’évolution des religions et surtout apporte un témoignage historique riche, mettant en lumière les raisons des bouleversements de cette région.