J'ai beaucoup hésité avant de lire ce roman car le côté "religion" me freinait. Je craignais que cela soit trop axé dessus, et bien qu'elle soit le fil conducteur de l'histoire, elle l'accompagne sans être moralisatrice ou oppressante. Elle devient même naturelle au fil des pages.
Le récit est du point de vue de Nimrod. On le découvre à travers ses objectifs, ses envies et sa solitude. Alors qu'il vit et s'exprime avec retenue, vivant sa vie pour un souvenir, Alvaro lui est un homme vivant pleinement de sa passion et s'exprimant ouvertement. Tous deux sont marqués durement par la vie et, contre toute attente, une belle amitié naît entre eux qui, par la suite, laisse place à des sentiments faits d'intensité et de tendresse. Un respect mutuel se crée ainsi qu'une compréhension silencieuse. Leur relation avance lentement, évoluant avec profondeur et réflexion. Leurs peurs et leurs doutes se mêlent à la joie, l'espoir et la découverte.
Plusieurs sujets difficiles sont traités avec délicatesses et bienveillance (l'abandon, le deuil, remise en question), d'autres sont à peine effleurés mais reste important (thérapie de conversion, trahison).
Le rythme est essentiellement calme et posé (comme Nimrod) mais aussi fébrile et électrique par moments (comme Alvaro).
La plume est simple, délicate et pleine de sensibilité. L'histoire est douce et touchante, les personnages complexes et bien construits avec un slow burn bien amené.