Mélo... sortez les violons

Alors que je m'apprête moi aussi à franchir la Bérézina je tombe donc sur cette nouvelle de Balzac qui traite de la retraite de la grande armée de Napoléon. Et c'est bien... du peu de Balzac que j'ai eu l'occasion de lire, je tombe à chaque fois sous le charme de la puissance de ses descriptions, leur beauté, leur précision, qui donnent tout à coup une ampleur à la scène et permet de s'imaginer jusque dans les moindres détails les personnages, ce qu'ils font, leur environnement, comment ils vivent. Je dirais presque que c'est un témoignage d'un autre temps, d'une autre vie, d'une autre manière de vivre.

Et j'ai adoré cette nouvelle qui raconte donc par une analepse comme Philippe, officier de l'armée française vit, survit et tente de remplir son devoir pour protéger une Comtesse sur le bord de la Bérézina alors que l'armée française est en déroute que tout le monde meurt de faim, de froid, de fatigue autour d'eux. La puissance évocatrice du style de Balzac réussit réellement à nous projeter, à nous faire vivre cette fuite, ce retour vers l'autre rive de la Bérézina qui est la France (et devrait être encore sa limite naturelle si vous voulez mon avis, bien que la Volga serait plus adaptée). On a tous les détails, on voit l'horreur au travers de la plume de Balzac, les actions immorales que doivent accomplir les personnages pour n'avoir ne serait-ce que l'espoir de survivre encore quelques heures.

Par contre j'ai été bien moins convaincu par la fin, cette histoire d'amour me semble bien trop "romanesque", bien trop mélodramatique pour être crédible et la fin totalement invraisemblable, ce qui me sort totalement du récit qui naguère m'avait captivé par la force de ses détails.

Cependant sur la quarantaine de pages de la nouvelle, celles les quelques dernières m'ont gêné et la nouvelle vaut largement le coup pour quiconque s'intéresse un peu à la campagne de Russie, ou bien juste aux descriptions du chaos.