Salma el Moumni, avec ce premier roman, Adieu Tanger, signe “un cri littéraire” sur la condition des jeunes filles, au Maroc puis dans la France de son exil. Elle en tire une réflexion sur le poids social de la féminité. Ici, nullement question de voile, ou d’autres vêtements, mais le poids de la culture et des traditions.
En apostrophant par un tu, elle présente Alia, lycéenne, qui s’interroge sur l’éducation, le genre, la bisexualité et sur la complicité des mères à reproduire un ordre qu’elles subissent.
Difficile pour cette jeune fille de ne pas s’indigner devant l’héritage laissé par un père défaillant, censé la protéger. Seulement celui-ci disait devoir lui-même se protéger devant sa féminité naissante. Alors lorsque victime de publication de photos intimes sur les réseaux, Alyia ne peut que fuir à Lyon !
Éternel menteur, son père applique des règles qu’en privé, il ne suit pas. Mais, au-delà de la rage contenue dans son récit, Salma El Moumni fait preuve de qualités littéraires incontestables pour transmettre ses émotions et son vécu.
Évidemment, très personnel, ce premier roman de Salma El Moumni mérite toute l’attention. La découverte de la féminité, chez une toute jeune fille, est soumise à des tensions ingérables, parce que Alyia les subit seule. Du coup, la moindre attention d’autres la laisse proie facile. Ainsi, elle devient victime tellement elle est vulnérable. L’ingérence dans l’intimité d’une toute jeune fille résonne tout au long d’une vie.
Le roman Adieu Tanger de Salma El Moumni m’a touchée par ce ton personnel rapportant les émotions d’une jeune fille découvrant seule sa féminité, pourtant si convoitée par les regards qu’elle découvre et ne sait pas gérer. À découvrir assurément !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/11/08/salma-el-moumni-adieu-tanger/