Adolphe y t'largue
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"Les sanglots longs des violons de l'automne
blessent mon coeur d'une langueur monotone.
Tout suffocant et blême, quand sonne l'heure,
je me souviens des jours anciens et je pleure."
Merci, ami Verlaine, de synthétiser par ces simples vers "Adolphe", le roman le plus célèbre de l'écrivain franco-suisse Benjamin Constant et sans doute l'une des oeuvres romantiques les plus représentatives de la période.
Adolphe, c'est le narrateur, un jeune bourgeois désoeuvré, plutôt antipathique et associable, guère apprécié dans les salons et qui, coeur esseulé et désinvolte, s'éprend presque par oisiveté de la femme d'un autre. Et pas de n'importe quelle femme, d'Ellénore, la belle maîtresse de monsieur de P*** et mère de leurs deux enfants. Sa première jeunesse est certes passée mais elle reste très belle malgré bien des épreuves ; lors de sa rencontre avec Adolphe, elle occupe une place légitime dans la société pourtant cruelle et rapace de son temps.
La passion d'Adolphe pour Ellénore, passion que sera payée en retour, sera hélas aussi éphémère que le caprice d'un dandy et ne justifiera en rien les tristes sacrifices consentis par une belle plus âgée que son amant : mari, enfants, fortune, dignité, position sociale, Ellénore se donnera entièrement et sera récompensée par la tiédeur, la dissimulation et enfin la trahison de son amant. Un tiers de cette récompense aurait eu raison des plus blanches oies mais Ellénore, soutenue par son amour, persistera déraisonnablement jusqu'à l'issue fatale d'une histoire d'amour sans espoir.
Personnellement, c'est "Ellénore" que j'aurais donné pour titre à mon roman à la place de l'auteur car c'est vraisemblablement la figure la plus forte et la plus intéressante du récit. Ellénore est à elle seule la voix du coeur et la voie de l'abnégation tandis qu'Adolphe est veule, faible, versatile, horripilant par ses sempiternelles tergiversations. Benjamin Constant explique le titre de son roman dans le dénouement original et inventif, un échange fictif entre auteur et éditeur, en ces termes : "Si [mon récit] renferme une leçon instructive, c'est aux hommes que cette leçon s'adresse : il prouve que cet esprit, dont on est si fier, ne sert ni à trouver du bonheur ni à en donner ; il prouve que le caractère, la fermeté, la fidélité, la bonté, sont les dons qu'il faut demander au ciel [...]. La grande question dans la vie, c'est la douleur que l'on cause [...]".
Un roman certes romantique mais différent car il aborde l'importante thématique de la réciprocité des sentiments liée à la fermeté - ou à l'absence de fermeté - des caractères. Un beau texte à découvrir.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Challenge PETITS PLAISIRS 2015 - 2016, 2016, Challenge MULTI-DEFIS Babelio 2016 et Challenge de lecture XIXème siècle 2016
Créée
le 15 janv. 2016
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