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Adrienne Mesurat
7.8
Adrienne Mesurat

livre de Julien Green (1927)

« Il fallait la regarder quelque temps pour s'apercevoir qu'elle était belle »

Il n'y a aucun doute sur Adrienne Mesurat : quelle belle héroïne ! Certes elle se cache, alors il faut que le lecteur la trouve, la cherche, et lui prenne doucement le bras au fil des pages. Comme c'est difficile, car la jeune femme se dérobe... Adrienne a peur, tiraillée dans son quotidien entre un père tyrannique et une sœur amère et malade. La vérité de sa vie se trouve dans ses rêves, alors elle fuit la réalité. Elle construit son amour pour un homme qu'elle ne fait qu'entrapercevoir comme son seul secours. Elle élabore un monde de secrets, dans lequel elle est une princesse silencieuse, mais à l'esprit bouillonnant, les joues rouges, et les cheveux désordonnés, trahissant ses émotions et ses craintes perpétuelles. Elle vit un conte dont les fées sont terriblement absentes. Son prince, son amant, ne peut être que la folie. Comment ne pas aimer Adrienne, elle qui ne cherche que le bonheur ?
« Elle s'était assise devant sa coiffeuse et, le bras sur le marbre, elle se regardait dans le miroir, à la lumière de la lampe. Ses cheveux noirs qui tombaient en tresses le long de ses joues et couvraient ses épaules ajoutaient à son visage quelque chose de majestueux et de triste. Pourtant ses yeux brillaient et le sang courait vite sous sa peau. Elle se regarda ainsi longuement, admira ces traits sans défauts que lui renvoyait la glace ; ces sourcils droits et volontaires, ces prunelles bleues et cette bouche aux lèvres pleines qui ne s'entrouvraient pas. Son air sérieux la surprit ; elle essaya de sourire, mais devant cette mine faussement joyeuse elle ne put s'empêcher de fermer les yeux, comme si elle eût vu quelque chose de honteux. Elle les rouvrit au bout d'une seconde, hocha la tête devant la figure affligée qui se présentait à sa vue, et, courbée soudain sous le poids d'un muet désespoir, elle se laissa tomber, le visage sur le marbre, les cheveux épandus sur les brosses, les flacons et les petites boîtes qui jonchaient sa coiffeuse. »
GaryW
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le 12 févr. 2011

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GaryW

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