Genre peu apprécié par les lecteur.rices français.es, la nouvelle est pour moi le meilleur moyen de découvrir un auteur.rice. Encore une fois, les éditions Gallmeister présentent un ensemble de textes mettant en scène la misère sociale et la solitude, finement rédigés par Larry Brown.
J'ai aimé ces nouvelles, parce qu'à travers l'économie de mots, on découvre les voix des laissés-pour-compte. Subtilement, l'auteur distille des éléments créant un contexte, puis une situation où des personnages vont à la rencontre d'autres. Où l'intervention d'autrui produit un impact, une remise en question, un regard sur et grâce à l'autre.
Les thématiques de ces nouvelles se rejoignent : l'alcool, l'infidélité, les femmes battues, l'humiliation quotidienne, la solitude, les difficultés financières, et ce qu'on est prêt.e.s à faire pour se sortir de tout ça.
Il y a la crasse sous les ongles des mains puissantes de ceux qui travaillent dur pour presque rien.
Il y a les litres d'alcool dont on a besoin pour continuer, juste un peu plus.
Il y a les heures qui s'étirent dans la solitude et les pensées qui tournent en boucle.
Il y a les situations qui paraissent inextricables parce que pour partir, pour se sauver, il faut des appuis et de l'argent.
Il y a l'amertume, surtout.
Je me laisse vite emporter par les nouvelles, parce que je n'ai pas le temps d'oublier ce que j'ai déjà lu, mon imagination fertile comble les non-dits et les ellipses laissés par l'auteur.
Ces nouvelles ne se finissent pas par une chute surprenante, mais de façon abrupte, ce qui peut paraître dérangeant ou agaçant, mais là aussi, à nous d'imaginer la suite si on en a envie.
L'observation qui est faite de la nature humaine par l'auteur produit un réalisme terrible de ce qu'est la société américaine, entre fragilité et usure de la vie, bien loin du rêve américain.