Le roman qui vous fera détester les fanfics
(Attention, cette critique contient des spoils. Enfin c'est un bien grand mot vu qu'on ne peut pas vraiment dire qu'il y ait une intrigue)
J'étais intriguée par ce roman étant donné qu'il s'agit d'une fanfiction à la base, mais il était hors de question de débourser 17 eur pour ça. Le destin en a voulu autrement et j'ai gagné ce roman, chouette ! Sauf que j'ignorais encore à ce moment-là le supplice que ce serait.
Pour résumer : Tessa, une jeune fille brillante et "bien élevée" débarque à l'université dans l'état de Washington. Sa coloc est une punkette (donc infréquentable) et quand il y a une punkette quelque part, il y a forcément toute une bande de rebelles tatoués. Parmi eux, Hardin, le bad boy ténébreux et parfait (on vous le répète au moins 20 fois) dont Tessa va tomber amoureuse contre toute attente (même si 99% des jeunes filles naïves et innocentes tombent amoureuses du bad boy de service), malgré le fait qu'elle fréquente déjà depuis deux ans un garçon aussi prude qu'elle. Et qu'ils ont même prévu d'attendre leur nuit de noces pour leur première fois.
Voilà, en gros, la pseudo romance entre Tessa et Hardin représente 90% de l'intrigue. Et ils vont passer la moitié du temps à s'engueuler (au moins ils vont bien ensemble, ils font des crises de jalousie dès qu'une personne de sexe opposé s'approche de l'autre) et le reste du temps à se sauter dessus. Bon, je suis mauvaise langue, il leur arrive d'avoir des discussions palpitantes sur... euh... ... ... ah oui, les traumatismes et les problèmes de Hardin (c'est un bad boy tatoué, donc une enfance malheureuse avec un traumatisme bien glauque). Et sur les soi-disant similitudes de leur histoire et de celle de Catherine et Heathcliff (Les Hauts de Hurlevent), rien que ça. Ah non, pardon, c'était lors d'une dispute en plein cours de littérature (le seul cours que Tessa semble suivre... Je ne sais même plus si on mentionne les études qu'elle suit) quand ils s'envoyaient des piques en utilisant les personnages du roman.
Parmi les 10% restants, 5% concernent son amitié avec Landon, son seul et unique ami. Avec lequel elle ne parle que des cours (de littérature) et de leur vie sentimentale. Et 5% seront centrés sur la famille de Hardin et Landon. Voilà, c'est tout.
Bref. Ce livre est incroyablement pénible à lire. Impossible d'enchaîner plus de deux chapitres tellement Tessa est insupportable (et il y en a 97 donc j'ai mis presque 10 jours pour finir ce roman). En gros, elle est lunatique, colérique (elle passe la moitié du temps à crier sur Hardin pour tout et rien), jalouse (oh mon dieu, une ex de Hardin est encore amie avec ce dernier !!), possessive, hypocrite (elle s'offusque de l'attitude de Hardin alors qu'elle a fait pire juste avant, et que c'est pour se venger qu'il fait pareil qu'elle), parano, remplie de préjugés (une chambre remplie de livres ne PEUT PAS être celle du héros tatoué et percé, tout le monde sait ça), etc.
Et il suffit que Hardin la touche (vraiment, juste sa main sur son bras) pour qu'elle soit incapable de lui résister. . . O-kay. Cette héroïne semble ne pas pouvoir vivre sans mettre son copain au centre de sa vie, avec ses études (qu'elle semble oublier vers la fin ? Elle passe subitement toutes ses journées en stage...). Tessa ne se fera qu'un seul ami toute seule (Landon). Ses amis de lycée ne seront jamais évoqués, à part Noah, son petit-ami du début.
En plus de cela, l'histoire tourne en rond. Les mêmes scènes se répètent dans un cadre différent. Alors certes, en fanfic, ça passe très bien vu que plusieurs jours, voir semaines, peuvent séparer la publication de deux chapitres et qu'il faut qu'il se passe quelque chose dans chaque chapitre (que ce soit au niveau de l'intrigue ou de la romance), mais en roman, ça ne le fait pas du tout. On en vient à redouter le moment où Hardin et Tessa vont se retrouver seuls dans une pièce (chambre de Tessa, chambre de Hardin, chambre de Hardin chez son père, bureau de Tessa lors de son stage...) car on sait pertinemment que cela va déboucher sur une scène érotique qui va s'étaler sur des pages. Et qui se déroule quasiment toujours pareil. On a compris que Hardin était trop sexy quand il porte un t-shirt blanc car on voit ses tatouages à travers, ou que Tessa adore qu'il lui parle crûment et que ça l'excite.
Et dans ce livre, tout le monde est beau, mince et sexy. Sauf Molly, la dernière conquête de Hardin avant que Tessa ne débarque. Tessa la décrit ainsi : "elle s'habille en pute. C'est une pute". Charmant, non ? Il y a aussi une autre fille que Tessa n'aime pas, car elle a osé traîner une soirée avec Hardin. Une ex encore ? Même pas : il s'agit de la cousine de Hardin et elle est même en couple avec une autre fille depuis des années. Mais non, Tessa ne l'aime pas. Vu le personnage, je n'arrive toujours pas à décider s'il s'agit de jalousie poussée à l'extrême ou d'homophobie.... C'est pour dire toute la sympathie que cette héroïne m'inspire. Et malheureusement, toute l'histoire est de son point de vue.
Et dans ce livre, tout ce qui est censé être compliqué en vrai ne l'est pas, et inversement. Ce qui donne une histoire d'amour fatigante et prise de tête au possible. Vous pensez qu'un problème qui traîne depuis 10 chapitres est enfin réglé ? Que de naïveté ! Tessa va le remettre sur le tapis deux chapitres plus loin !
Par contre, trouver un stage dans une prestigieuse maison d'édition alors qu'elle a juste eu de bonnes notes au lycée et qu'elle adore lire ? (ceci étant dit, à part re-re-lire Les Hauts de Hurlevent, elle ne lira rien pendant les 3 mois sur lesquels s'étale l'intrigue) Un stage qui consiste à lire des manuscrits et qui en plus est payé 600 eur par mois ? Rien de plus facile, merci le piston ! Parce que oui, Hardin est certes un bad boy super sexy mais c'est aussi le fils du président de l'université, et donc beaucoup de contacts.
Arriver à partir de la cité U pour un appart bien situé et assez spacieux ? En une journée c'est réglé ! Parce que oui (bis), Tessa et Hardin vont habiter ensemble après être en couple depuis seulement quelques semaines \o/. Et si vous croyez que cela veut dire moins de prises de tête... Ahahah, vraiment, non.
Il paraît que le final est incroyablement surprenant, bluffant et que cela donne envie de lire la suite. Chouette, lisons-le jusqu'à la fin ! Sauf que non. J'ai l'habitude de lire des fanfics et ce "twist" est un élément utilisé tellement de fois qu'il m'était impossible de ressentir autre chose que du soulagement, car cela signifiait la fin de ce 1er tome. Et de la saga pour moi car il n'est humainement pas possible de vouloir s'infliger à nouveau un tel supplice (et ce ne sont pas les couvertures des prochains tomes où seul la couleur de fond change qui vont me faire changer d'avis).
Ah oui, et apparemment, le poulet n'est pas de la viande : "je choisis du poulet et Hardin de la viande".
Pour finir sur une note positive : j'ai apprécié le personnage de Hardin, même si c'est un gros boulet. Et qu'un peu plus de répartie serait agréable car au bout du énième "Tu es bonne, Bébé", il perd un peu beaucoup en charisme.