" Je pars pour aimer toujours dans cette douleur adorable de ne jamais te tenir " …
Une magnifique pièce de Marguerite Duras, porte assez rare mais accessible pour entrer dans son œuvre. Drame rapporté par les paroles, qui se dénoue au fil de l'œuvre. Il révèle peu à peu le prénom, le lieu, l'action, les antécédents. Huis clos aux didascalies aussi poétiques que les dialogues, un Lui et une Elle chers à Duras amènent leur dialogue vers une tension, aussi insoutenable qu'adorable, fondée sur le besoin de partir loin de l'autre, sur le plaisir que procure cette fuite, sur l'absence nécessaire de l'autre. On aime en partant. On aime pour pouvoir aimer ne pas aimer. Mélange d'inceste et de syndrome de Stockholm, en évitant tous les écueils vulgaires et faciles qu'on en fait d'habitude.
On peut toujours ne pas aimer Duras pour la raison que tout est écrit sur le même style et que l'auteur est un peu partout. Si c'est quelque chose que j'abhorre d'habitude, Duras n'a ici rien à nous apprendre, rien à dire. Les personnages ont à se dire des rancœurs de frères et de sœurs, au fil de phrases longues qui butent parfois avec violence sur la phrase courte, hachée à la suite. Sûrement un bonheur à monter, entre le symbolisme et la poésie, dans le seul but de faire entendre le texte, comme devrait le faire toute mise en scène qui prétend si possible rendre justice à ce qui est écrit.