Alors ce livre pour tout vous dire, ma vraiment flingué le moral.
Triptyque de nouvelles aussi glauques les unes que les autres.
Histoire 1: Une bande de salopards oups pardon d'étudiants et un professeur dans une université à Londres s'amusent à faire une expérience sur un chien en vie. Un bâtard de six kilos, éventré, cou incisé, exposant à la vue des étudiants nerfs et glandes, pour prouver au monde entier que la pression salivaire est indépendante de la pression artérielle. Il le dissèque à sa guise, devant une audience composée d'étudiants hilares avec la clope au bec, comme dirait les anglais "gross". Mais heureusement lors de cette expérience abominable, deux femmes s'interrogent sur cette mise en pratique scandaleuse dont elles sont les tristes témoins. Les salopards, mince pardon, étudiants ne comprennent pas ce qu'ils ont fait de mal après avoir été balancés par les deux jeunes étudiantes! A la suite de ce triste événement elles décident d'informer un avocat afin que l'histoire puisse être portée devant les tribunaux. Des journalistes s'intéressent à l'histoire, ce qui fait un énorme effet boule de neige et tout le monde fut au courant. Malheureusement l'avocat qui ébruitera l'affaire sera condamné. En hommage au canidé vaincu une énorme statue à son effigie sera érigée à l'entrée de l'université.
Histoire numéro 2: alors là c'est sur un primate, un singe plus exactement, j'aime bien les singes vous vous en en fichez mais je tenais à l'écrire. Alors ce malheureux singe, s'est retrouvé entre les griffes de chercheur dans un campus californien louche qui s'est dit "au ben j'ai envie de rendre aveugle un singe afin de voir si je peux révolutionner les sonars". Une horreur! Des activistes ont eu vent de cette histoire et ont réussi à le libérer, après avoir saccagé le laboratoire! Bien fait pour vos gueules!
Histoire numéro 3: Changement de décor, là on est à la campagne, à Charleville Mézières avec une vache et son veau. Cette histoire est une véritable course poursuite! La vache sachant qu'elle et son veau sont condamnés à mort, elle décide de s'échapper et de tenter de sauver sa progéniture de ce funeste destin. Ils sautent du camion et atterrissent dans un ravin. Ils courent, sautent des haies et j'en passe... Cependant ils seront stoppés dans leur course effrénée par la police. C'est le début de la fin d'une traque acharnée pour la liberté. La vache prendra 70 balles dans le corps. Affreux.
Extrait:
"Avant de déployer ses pattes et de se précipiter sur le sol dur, la bête n'avait pas à l'esprit que d'autres hommes l'auraient, une fois parvenue à sa destination initiale, séparée de ce petit qu'elle a porté neuf mois ; qu'elle aurait été entassée dans l'attente d'être tuée auprès des siens ; qu'elle aurait été conduite, en file, angoisse et cris, vers un dispositif de contention et aurait très certainement reçu des décharges électriques, sur le flanc, la patte, la tête, qui sait ; qu'un pistolet à tige perforante, placé en position perpendiculaire, aurait propulsé une cartouche sur son os frontal, lui détruisant une partie du cerveau ; qu'elle aurait perdu connaissance, en cas de succès, et se serait affalée ; qu'elle aurait gardé ses esprits, dans le cas contraire, lequel ne relève en rien de l'exception ; qu'elle aurait été suspendue par l'une des pattes arrière à la chaîne d'abattage, la tête dans le vide, par un type qui doit nourrir ses gosses et boit pour oublier qu'il doit les nourrir de la sorte - et puis on s'habitue, on s'habitue à tout, on ne fait bientôt plus rien que faire, on fait du soixante vaches à l'heure, on fait du du quatre-vingt-dix veaux à l'heure ; qu'un autre type qu'on appelle opérateur, c'est un mot comme un autre, opérateur, ça ne sent pas la barbaque au moins, que ce type-là lui aurait sectionné les veines jugulaires, étourdie ou consciente, et l'aurait vidée de la moitié de son sang ; qu'on l'aurait dépouillée au couteau, ou au moyen d'on ne sait quelle machine encore, pour vendre sa peau une fois traitée puis produire des godasses et des sacs ; qu'un autre type encore aurait tranché sa tête, ôté ses viscères, sectionné sa langue, que son corps aurait été fendu en deux à la scie électrique ; qu'on l'aurait émoussé, ce corps, ce qui signifie en clair qu'on aurait ôté le gras de surface ; qu'on aurait pesé ce qui aurait pris le nom de carcasse avant de la contrôler, de la tamponner puis de la placer dans un local frigorifique - affaire de maturer ; qu'elle aurait fini dispersée, disséminée, éparpillée, sous des films plastiques, à la carte d'un restaurant ou entre des tranches de pain ; bref, la bête ignorait, à l'instant de sauter, qu'elle aurait dû être réduite en bouillie dans nos intestins grêles et finir au fond des chiottes."
Quatre vingt pages pour trois récits édifiants qui questionne sur l'hypocrisie humaine et la sacro sainte liberté dont elle pense jouir. Comment expliquer que des animaux dénués de sens peuvent être exploités de la pire des façons en toutes impunités? C'est ce que Josef Andras tente de nous expliquer. Chaque histoire est un coup de poignard dans le cœur. A noter, tout de même, une entrée en la matière assez intéressante avec une courte et brève histoire de l'humanité écrite avec une grande perfection. Josef Andras nous questionne de manière frontale sur le rapport entre l'Homme et l'Animal. Il dénonce sans ambages la maltraitance animale et ses conséquences sur l'humanité. Quelle part d'humanité reste en où à travers toute la violence que l'on fait subir aux animaux? Que ce soit dans un laboratoire, dans un centre de recherche ou dans un abattoir, Josef Andras à travers ce triptyque rend hommage aussi aux activistes de la cause animale, du féminisme mais aussi des luttes sociales. J'ai été soufflée par le rythme de cet auteur que j'ai découvert grâce à une collègue de travail. Un ouvrage et palpitant qui fait vraiment réfléchir sur notre mode de pensée face à la cause animale. Bon je crois que je vais lire des ouvrages d'Aymeric Caron maintenant ..Affaire à suivre!