J'ai découvert l'univers de Pierre Lemaître avec Au revoir là-haut, que j'ai grandement apprécié. Et quand j'apprécie un auteur, j'aime tout lire de lui, c'est comme ça. Naturellement, je me suis tourné vers l'un de ses polars les plus connus : Alex.
C'est un roman très noir, à la mécanique extrêmement bien huilée, à la structure très claire et vraiment maligne. D'emblée, on est embarqué dans cette histoire d'enlèvement, et on se prend d'une pitié douloureuse pour la pauvre Alex...Mais c'est sans compter le talent de l'auteur qui joue avec nous, qui tord notre perception, s'amuse avec les codes du genre et nous embarque tout au long de 3 parties où on se retrouve partagé sur nos sentiments à l'égard des personnages. Et si l'histoire est admirablement bien conçue, le style est tout bonnement merveilleux à lire. La psychologie des personnages, très bien construits, les descriptions, les dialogues, des scènes très fortes (celle des rats, par exemple), la façon de nous impliquer totalement dans cette affaire font de ce roman un chef d'oeuvre au suspens insoutenable.
Je ne peux pas en dire beaucoup plus sans dévoiler l'intrigue, mais je vous conseille vivement ce livre qui se résume à la phrase de fin : "L'important, pour nous ce n'est pas la vérité, mais la justice, non?". J'ai appris qu'une adaptation en film est prévue, produite par James Harris, avec des acteurs américains : vivement qu'il sorte!
Je l'ai écouté ce livre en livre audio, très bien lu par l'acteur Philippe Résimont qui interprète bien les différents protagonistes et sait nous embarquer dans l'histoire. A la fin, un entretien avec l'auteur nous en apprend plus sur sa façon de penser, de travailler, sur ses références littéraires, sa vision de son oeuvre et du métier d'écrivain (l'exactitude, l'excès de documentation ne l'intéressent pas, il mise tout sur l'interprétation, sur sa sensibilité, il se voit plus comme un peintre que comme un "documentariste", et estime que l'excès de documentation, pour un écrivain, peut être un bon prétexte pour procrastiner. Il avoue qu'il n'a pas d'imagination, que toutes ses idées lui viennent des lectures qu'il a faites, des phrases qu'il a lues, et qu'inconsciemment ou non, tout cela se retrouve dans ses romans. Il explique également sa façon d'écrire, le sentiment de doute avant la sortie d'un livre et la nécessité de se remettre au travail immédiatement après que le "bébé" est lancé. Il nous parle des adaptations cinématographiques d'oeuvres littéraires...Bref, c'est un bonheur de l'entendre, et ce bonus dans le livre audio permet de continuer le livre après sa lecture, de profiter encore un peu...