Une véritable somme et une plongée fascinante dans les arcanes de la résistance française. Ces mémoires racontent quasiment au jour le jour la vie au quotidien (ce qui peut rendre quelques passages rébarbatifs) de Cordier dans Lyon - puis Paris - où il faut naviguer et manoeuvrer entre nazis et collabos pour délivrer les messages à tel ou tel chef de la résistance, tenir des réunions secrètes, gérer les problèmes d’organisation géants que Londres ne semble jamais vouloir résoudre, etc.
Contrairement à ce qu’on pourrait de prime abord croire, ces mémoires n’ont rien du roman d’espionnage. Au contraire, on se rend vite compte à quel point l’organisation de la résistance était quelque-chose de fragile mais qui progressait bien, où il est autant question d’administration que d’actions coup de poings (qui avaient évidemment lieu et en nombre, mais auxquelles Cordier ne participait pas).
Mais le plus édifiant dans tout cela, c’est cette véritable haine qui existe entre ces hommes (surtout) qui ont pourtant le même but : celui de vaincre les nazis et la France de Pétain pour mieux reconstruire le pays. On se rend compte à quel point les luttes de pouvoir sont immenses entre tel et tel mouvement, à quel point chacun veut sa part du gâteau et à quel point Moulin cristallise toutes les tensions, lui qui ne bouge pas, garde ses principes, ses valeurs, sa ligne de conduite et une fidélité indefectible au Général De Gaulle.
Difficile donc de ne pas penser qu’il a été victime d’un de ces adversaires lorsqu’il a été arrêté en juin 43 à Caluire. Difficile également de le prouver.
Mais au final, là n’est pas vraiment la question à la fin de ces mémoires. L’important, c’est le courage qu’ont eu ces femmes et ces hommes de se dresser contre l’occupant, en prenant des risques insensés pour eux et pour leur famille. Avec tout en haut de ceux-ci, Jean Moulin, véritable héros parmi les héros.