Pas terrible ce bouquin. Il fait partie de ces romans que j'ai récupéré de la bibliothèque de ma mère qui voulait s'en débarrasser pour gagner de la place... j'ai pris quelques livres de Troyat car j'ai souvent vu ses bouquins en librairie de seconde main, je me suis donc dit que c'était quelque chose de connu et peut-être même de bon.
Le petit détail amusant : à la fin de mon livre, y a un petit bout de papier avec les horaires d'une bibliothèque : est-ce que ma mère a piqué ce livre ? A-t-elle oublié de le rendre ? J'ai été voir si la bibliothèque existait toujours, c'est le cas. Par contre, les horaires ont changé.
Avant :
Lundi fermé
Mardi
Mercredi de 9 à 18h
Vendredi
Jeudi de 9 à 13h
Samedi
Soit, 31h au total.
Aujourd'hui :
Lundi fermé
Mardi de 13 à 18h
Mercredi
Jeudi de 13 à 16h
Vendredi de 9 à 18h
Samedi de 9 à 16h
Soit, 29h au total.
L'adresse n'a pas changé ni même le numéro de téléphone.
Au dos de ce petit papier, il y a une date en rouge (date d'emprunt ?) : le 13 octobre 1992.
Revenons-en à la critique.
Le récit n'est franchement pas terrible. Déjà, on devine très vite la fin, le parcours initiatique, le message bien lourd... à la limite, ce n'est pas grave, après tout, avec un peu de jugeote, on peut facilement deviner la fin beaucoup de films. Ce qui dérange, c'est que le traitement, la manière d'arriver à la conclusion soit si fade. Les personnages sont trop peu investis, trop peu approfondis. Les conflits sont trop rares. Pourtant on a de bonnes bases, de quoi créer un véritable déchirement interne... mais rien ne survient jamais, tout est trop convenu.
De plus, je n'ai jamais réussi à m'identifier à ces gosses. On sent la volonté de faire quelque chose de réaliste, mais j'ai eu l'impression que c'était trop idéalisé. De même, on aurait pu partir dans un trip d'idéalisation totalement assumé, mais on en revient toujours à un encrage dans le réel, notamment à cause de tout ce qui a trait aux origines du jeune héros. Du coup, on n'y croit jamais, ni dans un sens, ni dans l'autre. Même quand l'auteur fait une parenthèse dans son histoire et nous montre un Aléchia excité qui s'adonne aux joies du solitaire, ça ne sonne pas vrai, c'est juste anecdotique.
Le parcours initiatique en devient donc très pauvre, car bâti avec peu de détails. Et lorsque le personnage a son épiphanie à la fin, on se dit juste : 'mouais'... L'auteur n'a pas su surprendre son lectorat qui n'a alors plus qu'à attendre que la fin survienne au rythme des retournements de situation prévisibles.
Heureusement, le livre n'est pas impossible à terminer : ça se lit même assez facilement (faut dire que c'est écrit en grand), les phrases s'enchaînent assez bien. Ce n'est donc pas une écriture remarquable, mais au moins elle se laisse lire sans problème, on ne tique pas dessus comme ce pourrait être le cas (je me souviens qu'à la lecture de "Da Vinci Code", j'avais beaucoup tiqué sur la manière dont l'auteur construisait ses phrases).
L'écriture de Troyat n'est pas tellement plaisante. Elle est simple, donc c'est agréable. Mais je l'ai trouvé inconstante. Par moment on sent que l'auteur essaie d'épater ses lecteurs, surtout lorsqu'il fait référence aux grands auteurs russes ou français, mais ça retombe très vite. C'est dommage parce qu'une écriture simple peut être très bonne, mais là, c'est comme si Troyat n'assumait pas son vocabulaire et surtout qu'il n'arrivait pas à trouver le ton juste pour le mettre en évidence. Car je crois que c'est ça qui compte en littérature : mettre en valeur ce que l'on sait faire, c'est ainsi que des écritures simples peuvent s'avérer autant émouvantes que des écritures complexes.
Bref, "Aliocha" est convenu, peu intéressant, fade, plat ; dommage car il y avait du potentiel.