Publié sur L'Homme Qui Lit :
On ne va pas se mentir : il est difficile si ce n’est délicat de parler d’un livre d’Agatha Christie paru en 1971 (comprenant des nouvelles écrites à partir de 1924) lu avec le regard d’un homme contemporain des années 2000, sans culture littéraire aucune, qui aime simplement raconter les livres qu’il a lu et les émotions qu’ils ont pu lui faire vivre. Aussi la vraie question qui m’a taraudé lors de la lecture de ce recueil de six nouvelles fut de savoir si aujourd’hui, en 2020, un éditeur accepterait de publier ce recueil, le jugeant assez bon ?
Ce que j’ai aimé, c’est le voyage dans le temps. Se retrouver dans la haute société britannique du début du siècle qui se reçoit pour le thé en se vouvoyant, ça a son charme. On s’imagine dans des décors à mi-chemin entre l’Orient Express et Downton Abbey et c’est agréable, d’une certaine manière, parce que dépaysant, surtout lorsqu’on raconte son récent voyage en Mésopotamie.
Pour autant ce décorum vieilli et dépassé a fait son temps, les femmes sottes dont le meilleur atout est la pâleur ou un sourire vide, les hommes capables et détenteur du pouvoir, de l’argent, des titres, ça n’est plus dans l’air du temps. Le monde a changé, et les livres d’Agatha Christie sont restés à leur époque. Y voir un personnage vanter les capacités des nouveaux moyens de communication pour parler du téléphone, ou encore une chapardeuse confondue par Hercule Poirot rendre son larcin lorsque ce dernier lui dit « vous allez me rendre les bijoux que vous avez volés », comme ça, sans plus d’effusions, c’est déstabilisant.
Alors au delà du décalage historique et des changements sociétaux, j’ai apprécié disons les trois premières nouvelles tandis que les trois dernières m’ont passablement déçu, notamment « La poupée de la couturière » qui m’a totalement échappé malgré la mode du paranormal de l’époque. Bref, je vais sûrement lire les autres titres qui ont trouvé refuge dans ma bibliothèque, mais sans grand emballement.
Allô, Hercule Poirot… d’Agatha Christie est publié en 1971 en France dans la collection Le Masque de la Librairie des Champs Élysées. Il est disponible aujourd’hui aux éditions JC Lattès / Le Masque.