Mon avis sur American Gods de Niel Gaiman est ambivalant. J'ai beaucoup de bien à en dire mais également plusieurs reproches. Ce qui est certain, c'est que cette lecture me sera mémorable.
Pour résumer en quelques lignes, l'histoire de ce roman est celle d'Ombre, tout juste sorti de prison où il a purgé une peine de trois ans d'incarcération pour coups et blessures, et qui fait une rencontre énigmatique sur le chemin de son retour chez lui.
La personne qu'il rencontre se fait appeler Voyageur et lui offre un emploi grassement payé consistant essentiellement à le suivre dans ses trajets à travers les Etats-Unis.
Il est rapidement révélé que ce "Voyageur" n'est autre que Odin, le dieu principal du panthéon nordique (de nombreux indices permettent de le deviner avant-même la révélation). Odin cherche à débaucher les "anciens" dieux pour mener bataille contre les "nouveaux" dieux, qui cherchent à les supplanter.
Tout d'abord, ce roman mérite d'être lu rien que pour ce concept et son univers. On ressent à la lecture la passion de l'auteur pour le sujet qu'il aborde et la quantité monstrueuse de travail préparatoire qui a été fournie. L'écriture de Gaiman pourra convenir au lecteur initié à la mythologie comme à celui qui y est complètement fermé, ce qui rend le roman tout à fait accessible.
Le récit principal est entrecoupé d'interludes, narrés par le dieu égyptien Ibis, qui retranscrit les histoires de personnes ayant migré aux Etats-Unis et qui, par la même, ont emporté leurs dieux avec eux.
Ce thème de la migration est l'un des fils rouges du roman : tous les dieux ont été transportés dans un nouveau pays malgré eux, et dépendent du peu de foi qu'on veut bien encore leur accorder. Ils ne s'y sentent jamais tout à fait à leur place, malgré leur volonté d'y exister.
J'ai eu un grand mal à entrer dans l'histoire tant les dialogues me semblaient peu naturels et forcés. Ils sont écrits sur le ton déclaratif, plutôt comme des monologues et non de véritables discussions.
Par exemple, le "Je t'aime" lâché précipitemment par Ombre, à sa femme, Laura, avant-même "Bonjour", n'est ni crédible, ni-même mignon.
Ce n'est pas la première fois que les dialogues de Gaiman me dérangent, et je fais le même reproche à Sandman (lu en VO).
J'ai cependant tenu bon, et j'en suis ravie, car à partir de la 200e page (oui j'ai noté, et oui il a fallu tenir longtemps), le récit a pris un tournant dans la narration, limitant les dialogues qui étaient (à mon sens) trop nombreux auparavant, et accélérant l'action.
J'ai été, après cela, incapable de lâcher le roman, dont j'ai dévoré la fin.
Je pense toutefois que certaines intrigues annexes n'étaient pas assez développées et auraient pu donc être omises de ce roman pour être mieux étoffées dans une histoire distincte. Par exemple, le passage à Lakeside, bien qu'il donne un second souffle au récit au moment où il démarre, ne se termine qu'après les évènements de l'intrigue principale, et en cela m'a paru quelque peu hors de propos.
Je trouve également le personnage de Laura, ainsi que son arc narratif, assez pauvres malgré une utilité certaine dans le récit.
De même, les personnages de Sam BlackCrow et de sa soeur (j'oublie son nom, la voisine d'Ombre à Lakeside), sont tout bonnement inutiles.
Ainsi, tous les personnages féminins (même les déésses) sont peu ou mal caractérisés, ce qui est tout à fait regrettable quand on constate que les personnages masculins eux, ont tous une certaine profondeur.
En conclusion, j'ai bien aimé.
Les hauts et les bas s'équilibrent plus ou moins, ce qui explique ma note de 7/10.