« Ce n’est pas un bon pays pour les dieux » (+ musiques)
Amérique, aujourd’hui.
La lutte des croyances vieilles et nouvelles n’a jamais été aussi forte. Les mythes en perdition amenés par les Indiens, les Vinkings et les colons sur le Nouveau Continent tentent de résister aux nouveaux dieux de la télévision, de l'Internet et des autoroutes, qui contrôlent le monde et gagnent chaque jour plus d’adeptes.
Ombre, archétype du personnage mystérieux aux actes déconnectés de la réalité, est un ex-taulard dont le lecteur ignore jusqu’au nom. C’est pourtant le héros de cet étrange livre qui nous plonge dans l’Amérique profonde, celle du Texas reculé, des caniveaux de Las Vegas et des réserves indiennes.
Ce road-trip aussi terrifiant que merveilleux s’aventure dans un monde de règles absurdement sacrées, de Soleil qui s’avère être pièce d’or et de pièce d’argent qui s’avère être Lune, de leprechaun, de chacal croque-mort, de lance sacrificielle nordique et d’araignée habillée de jaune, un univers dont l’intérêt n’est pas de savoir s’il existe ou pas.
Car Gaiman est lucide. « Rien de tout cela n’est réellement possible. (…) De telles choses ne peuvent pas se produire. (…) Pourtant, ce qui se produisit ensuite se produisit ainsi. »
A travers cette métaphore évidente du passé opposé à un présent lui-même bientôt dépassé (les Dieux des chemins de fer autrefois tout-puissants ne sont ainsi plus que l’ombre d’eux-mêmes) et ces questions ésotériques secondaires, American Gods nous interroge sur notre monde, ce qu’il a été et sera.
La musique tient une place prépondérante dans le roman. Elle le berce de jazz, de génériques de vieilles d’émissions et de balades pop, le fait valser sur Strauss et le réveille avec du blues et du rock très chauvin.
Ma liste des chansons présentes dans American Gods : http://www.senscritique.com/liste/Un_roman_sa_playlist_American_Gods_de_Neil_Gaiman/467561
…Par 4 fois je l’ai commencé, m’avançant à chaque fois plus loin, m’imprégnant sans m’en rendre compte de cette atmosphère hallucinatoire aux degrés de lecture multiples ; et par 3 fois j’ai été forcée de le laisser de côté pour des raisons indépendantes de ma volonté.
Or American Gods n’est pas un livre qui s’oublie dans un coin.
C’est un bouquin qui se dévore comme un polar, et qui se parcourt encore et encore, tel un mantra qu’on répète pour sa justesse, tel un poème qu’on relit pour sa beauté.
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