Je crois avoir déjà mentionné une fois ou trouze mille que je ne suis vraiment pas un fan des vampires. Pourtant, je me suis lancé dans la lecture de Anno Dracula, de Kim Newman, après avoir lu son Moriarty. J’avoue que j’ai plus été attiré par le côté « pastiche victorien » que par celui de l’horreur gothique.
Cela dit, ce premier ouvrage d’une série de quatre est un peu plus que cela: c’est également une « uchronie fictive », en ce qu’elle reprend les événements de l’ouvrage de Bram Stoker et pose la question de ce qui serait arrivé sur le comte Dracula avait triomphé de Van Helsing et sa clique de chasseurs de vampires pour prendre finalement le contrôle de la Grande-Bretagne.
L’action se déroule donc à Londres, en 1888, après que la reine Victoria se soit remariée avec Vlad Tepes. Elle est toujours la souveraine en titre, mais c’est bel et bien le « prince consort » qui tire les ficelles du royaume, lui et son entourage vampirique. Au reste, être un vampire est du dernier chic!
C’est dans ce contexte que Charles Beauregard, un agent britannique, se retrouve mandé par le très select et très secret Diogenes Club pour enquêter sur le mystérieux tueur de prostituées vampires qui sévit dans Whitechapel…
Kim Newman semble prendre une réel plaisir à mélanger vampirismes, détectives et héros pulp dans le cadre de la fin de l’ère victorienne. On va donc retrouver Moriarty et le Colonel Moran, Dracula bien sûr, mais aussi Rupert von Hentzau, le comte Orlock de Nosferatu, voire un certain Lioncourt, qui m’a fait ricaner; etc. Le name-dropping, que l’on peut trouver sur la page Wikipedia du bouquin, mais aussi dans les annotations de l’ouvrage, est impressionnant.
Il imagine aussi, avec une certaine finesse, les conséquences d’une société victorienne qui s’est lancée dans le vampirisme avec entrain et qui commence doucement à virer à la dictature ségrégationniste et totalitaire.
Après, comme je suis un peu allergique au côté Eros et Thanatos de la littérature vampirique, je dois avouer avoir été moins enthousiaste sur les divers passages « sang et sexe » du bouquin et sur l’histoire d’amour entre Beauregard et la vampire Geneviève. Qui plus est, cette dernière est un personnage récurrent dans les écrits de Kim Newman – on la retrouve notamment sans ses romans dans l’univers de Warhammer – et elle a un petit côté Mary Sue agaçant.
Ceci posé, j’ai plutôt bien aimé ma lecture de Anno Dracula; il y a un côté fun et débridé, mais également un aspect sombre. J’ai lu la version française, parue chez Bragelonne, parce que je l’avais sous la main; elle possède une postface et des annotations très intéressantes. Je vais probablement lire les autres volumes, si j’arrive à mettre la main dessus.