J’ai découvert il y a quelques années et totalement par hasard qu’il existait des livres concernant je jeu vidéo. Au détour du rayon librairie de mon habituel supermarché je découvre un bouquin d’une épaisseur conséquente et dédié au jeu vidéo et plus précisément à la Super Nintendo. Après avoir feuilleté la version « d’expo » j’ai acheté limite de façon compulsive au vu des visuels et des informations conséquentes et détaillées qu’il semblait contenir. Après lecture complète de cette « anthologie » dument nommé par son éditeur, je fus agréablement surpris de la qualité du détail et de la démarche des auteurs de vouloir faire comprendre comment on abordait la création d’un jeu vidéo sur les consoles des années 90. Ce bouquin, l’Anthologie Super Nintendo, a été pour moi une très bonne surprise, car je ne connaissais pas du tout ce genre de littérature. La volonté des auteurs d’être à la fois précis et simple pour les profanes m’a agréablement surprise.


Du coup, comme le bouquin trônait dans ma bibliothèque, une fine observatrice m'a offert à noël l’anthologie suivante consacrée à la célèbre NES de Nintendo. J’ai connu cette console sur le tard, après la Megadrive et la Super Nintendo. Ma console de « cœur », celle qui a partagé mon adolescence étant plutôt la Playstation. Même si ma première machine fut la Megadrive, j’ai d’abord connue la 3D avant de profiter des subtilités de la 2D des célèbres consoles des années 80/90. Pour vous dire, la NES j’ai commencé à y jouer sérieusement à la fin des années 90. Achetée pour une bouché de pain avec une 20ène de jeux pour environ 100 F (15€) et contre toute attente, cette 8 bit vieillissante m’a fait passer de très bons moments ludiques alors que la Playstation 2 commençait à pointer le bout de son nez. Par curiosité et parce que le bouquin concernant la super Nintendo avait été un plaisir à lire, ce cadeau m'a semblé très approprié. Malheureusement le niveau de qualité ne sera pas aussi élevé que dans le précédent livre.


Premièrement, là où l’anthologie Super Nintendo est l’œuvre d’un collectif d’auteurs sans que l’un d’entre eux soit plus mis en avant que les autres, ici ce n’est pas le cas. L’anthologie NES semble être le travail d’un auteur en particulier, Mathieu Manent. Je ne connaissais pas ce monsieur qui a visiblement de la bouteille puisqu’il a déjà écrit pour les précédentes anthologies dont la Nintendo 64 et la Gamecube, donc quelqu’un d’expérimenté et spécialisé dans les consoles Nintendo. On retrouve également 2 autres auteurs communs à l’anthologie Super Nintendo sans que l’on sache qui a vraiment fait quoi. C’est là qu’il y a un problème, parce que figurez-vous que ma moitié s'est faite avoir sur la marchandise, elle l'a trouvé dans le Cultura près de chez moi. Pas de version d’expo dans ce magasin, l’ouvrage étant protégé sous un film plastique. Bon, comme elle m'avais entendue dire beaucoup de bien de l’anthologie Super Nintendo elle l'a donc acheté les yeux fermés.


Je déballe le précieux et sans plus attendre commence la lecture. On débute par un historique qui retrace la naissance de la célèbre NES appelé Famicom au Japon, c’est sympa, concis un peu trop parfois. Il semble que les informations distillées dans cette partie soient incomplètes et vues par le prisme d’un joueur plus que celui d’un « enquêteur » neutre. Du coup on a le droit des tournures de phrases étrange, oscillant entre un ton neutre qui part en vrille en mode spectaculaire dans certains passages sans aucun recul par rapport à cette industrie. Le plus flagrant, c’est ce culte de la personnification, plutôt que de mettre en avant l’entreprise, les auteurs se focalisent sur quelques-uns des pontes de Nintendo comme s’ils avaient tout construit eux même. Or je sais de par mon métier, que dans l’électronique rien ne se fait seul. Qu’une idée peut-être très bonne mais si l’on a pas l’équipe d’experts pour la construire ça ne reste qu’une idée. Ça donne une impression de fan service qui discrédite le propos. Mais là n’est pas le problème et je comprends aisément que l’on puisse faire appel à un peu d’emphase pour caresser son lectorat dans le sens du poil. Non le problème est la suite du bouquin…


En effet après avoir fini la partie « histoire » de la NES je m’attendais, comme pour le livre sur la Super Nintendo, à trouver une partie hardware que j’ai cru, un moment, voir passée avec la partie accessoire… mais non ce n’est qu’un listing, certes intéressant mais sans plus de détails. Je cherche en passant par la partie listing de la ludothèque de la NES qui, comme, dans la précédente anthologie est très fournie (mention spéciale aux jeux Famicom Disk que je ne connaissais pas) mais aucune partie hardware comme on pouvait en trouver dans l’ouvrage sur la Super Nintendo. Pourtant, en furetant sur le web j’étais persuadé d’avoir vu sur une partie dédiée au fonctionnement de la console et sur la façon dont on développe les jeux dessus. Je retourne voir sur le site de l’éditeur et je m‘aperçois qu’il existe en réalité deux éditions de cette anthologie. L’une appelée Koopa et l’autre Tanuki. Mais dans le magasin qui vendait cette anthologie, le seul exemplaire dispo en rayon à 40€ était l'édition koopa me précise ma chère et tendre. Je vais voir sur internet et je découvre, avec agacement, que l’édition koopa est une version « light » de l’anthologie et que pour avoir le contenu complet il faut acheter l’édition Tanuki… uniquement disponible en commande sur le site de l’éditeur ! Bon comme j’avais lu la partie histoire et quelques tests des jeux Famicom Disk en une soirée, j’ai rendu le livre le lendemain et le magasin m’a gentiment remboursé mes 40€. Avec 400 pages au compteur, difficile de croire que j’avais tous lu en à peine 12h… (en plus en période de noël ils sont moins regardant) j’en ai donc profité pour commander l’édition Tanuki sur le site de Geeks Line qui est du coup à 60€. Parce que oui, pensant que dans ce domaine les mêmes auteurs produiraient le même contenu cette édition « low cost » est en réalité un attrape nigaud qui s’avère castrée par rapport à l’édition complète et c’est peu de le dire… et quand la personne qui vous l'offre n'a pas connaissance de ça c'est limite de l'arnaque en fait.


Effectivement, après avoir reçu mon bouquin au bout d’une semaine j’ai commencé la lecture. La partie historique, jeux, accessoires est strictement identique (j’ai pas vérifié pour la partie jeux, mais je suppose que c’est la même). A cela vienne s’ajouter grosso modo 200 pages supplémentaires dédiées justement à la façon dont est conçue la NES, justement les pages manquantes dans la version « koopa ». Pourquoi diable avoir retiré cette partie de ce bouquin ?! Je veux dire par là que c’est ce qu’il y a sans doute de plus intéressant… mais j’y reviendrai en conclusion…


Bref, donc après avoir lu la partie historique la partie nommée « hardware » arrive juste après le listing de jeux. On y retrouve plus ou moins la même structure que pour la super Nintendo, un historique des technologies qui est fort bienvenu pour contextualiser et donner les bases pour comprendre ce qui vient par la suite c’est très bien amené notamment pour la partie concernant le son qui est passionnante. Cependant cette section « hardware » est inégale et surtout truffée d’erreurs typographiques, de mise en page et de problème rédactionnels. Au fil de la lecture, vous vous apercevrez que le ton change, comme si le même texte avait été écrit par plusieurs personnes qui ne se seraient pas concertées. Alors certes il y a effectivement plusieurs auteurs mais je suppose que chacun avait sa partie à traiter et que l’un d’eux ne s’est pas amusé à terminer le texte d’un autre ! Au final, ça donne un résultat assez mauvais, parfois la rédaction est correcte et la lecture fluide puis d’un coup vous tombez dans un ton simpliste avec des raccourcis débiles qui n’ont ni queue ni tête. A un moment il y a même une section qui ne se termine pas, il n’y a pas de point, la phrase n’est pas terminée et l’on cherche désespérément le fin mot de l’histoire sans jamais le trouver. On trouve pêle-mêle des erreurs dans les descriptions des photos/images, des encarts explicatifs dont le style d’écriture simpliste tranche avec certains passages assez techniques du texte, des incohérences dans les tableaux, qui semblent pour certains issus de l’anthologie super Nintendo mais adaptés ici au contexte de la NES… mais avec des erreurs qui n’étaient pas là dans les mêmes tableaux contenus dans l’ouvrage sur la Super Nintendo. C’est juste catastrophique et indigne d’un bouquin vendu 60€ ! D’autant que je fais partie des personnes qui estiment qu’un bouquin est moins éphémère qu’un contenu sur internet et que, dans cette optique, il se doit de faire un effort sur l’exactitude de ses informations… mais bref, mes lubies de lecteur ne changeront pas le monde…


Je pourrai citer beaucoup d’exemples des fautes crasses, et ce n’est pas ce qui manque, contenues dans ce bouquin mais je préfère vous les donner en commentaire si vous me le demandez. Je n’ai pas envie de trop me focaliser là-dessus. Parce qu’au-delà de ce travail d’édition bâclé (n’y a-t’il eut aucune relecture ?!) il y a aussi du positif que j’ai beaucoup apprécié. Même si la partie hardware est parasitée par un style d’écriture erratique elle reste cependant très intéressante. L’approche choisie par les auteurs est vraiment pertinente. Par exemple, ils expliquent que l’image de la NES, l’aspect de ses jeux est déterminé par ses capacités techniques. Alors dit comme ça, on dirait que l’on enfonce des portes ouvertes. Mais ça va plus loin, puisqu’il est décrit en détail que le « cachet » graphique propre à cette console est déterminé par sa façon de créer les couleurs et d’utiliser subtilement ses défaut d’affichage pour en faire une qualité. C’est très bien expliqué à l’aide de schémas très simples à comprendre… quand ils sont correctement placés avec le texte ce qui n’est pas souvent le cas… C’est à mon sens assez unique puisque généralement quand on conçoit un appareil électronique ses défauts ou limitations ne sont pas contournable. Mais là, par l’usage du fonctionnement des télévisions à tube la NES arrive à créer n’importe quelle couleur, elle n’a pas de palette fixée comme les autres consoles. Les graphistes devaient définir eux même les couleurs dont ils avaient besoin et les coder pour que le générateur de couleur de la console les affiche à l’écran. En gros, ils devaient faire le grand écart entre numérique et analogique ce qui paraitrait totalement improbable pour un développeur aujourd’hui. J’ai trouvé ça fascinant !


L’autre point intéressant est sur l’architecture même de la NES qui, de prime abord semble assez dépouillée. Mais en réalité la console a été pensée pour être évolutive et débridée à l’aide de puces nommées « mapper ». Je n’en dis pas plus mais l’idée générale est que cette console a des capacités « bloquées » qui ne peuvent être utilisées qu’avec l’ajout d’un « mapper » dans les cartouches. C’est rédigé de façon à démontrer la démarche de conception de la console et surtout la vision des concepteurs à cette époque. Ils sont tiraillés entre technologie innovante, c’est quand même la NES qui la première a inclus électroniquement un scrolling au pixel, et fortes contraintes de cout. Dès lors, grâce aux explications des auteurs on comprend pourquoi cette console à des atouts incontournables (le scrolling, les rasters) et des lacunes impardonnables (4 couleurs max par tile ou brique). J’ai également beaucoup apprécié le chapitre sur les modèles mutant de la NES dont certains comme le Famicom Titler, sont vraiment innovants et montrent encore une fois le fonctionnement vidéo atypique de cette console, mais je vous laisse découvrir…


La partie hardware est très riche, elle explique le concept de rasters, le codage des couleurs, les scrollings et pourquoi la NES a innovée sur ce point, les mapper et leur apport au développement de jeux, le son dont un historique fort intéressant sur la musique générée électroniquement et plein d’autre choses qui me font dire que le style catastrophique de cette partie (l’historique est beaucoup plus constant sur ce point) n’est pas du fait des auteurs mais d’un problème de relecture. Il est impossible d’entrer autant dans le détail et d’appréhender les enjeux techniques liés à la conception de cette console et ensuite d’écrire ça comme un cochon ! D’autant que certains paragraphes sont parfaitement rédigés alors que d’autres partent en vrille ou sont même carrément tronqués. Donc, bordel que s’est-il passé ? L’anthologie Super Nintendo est quand a-t-elle parfaitement rédigé, alors pourquoi celle sur la NES contient autant d’erreur d’écriture ? Il semble pourtant évident que ce sont les mêmes personnes qui ont rédigé cette partie et d’ailleurs c’est précisé dans l’encart des auteurs au début du livre. Et puis pourquoi avoir sortie 2 éditions différentes, alors qu’il me semble bien ne pas avoir eu vent de cette info lors de l’annonce du bouquin ? L’édition koopa est apparue comme par enchantement et même si son prix est moins élevé son contenu reste trop maigre pour ce tarif et ne contient au final que des informations de seconde main contrairement à l’édition Tanuki qui va beaucoup plus loin.


J’ai eu envie de mettre une mauvaise note à ce livre mais le boulot effectué sur la partie « hardware » est vraiment bon. Même s’il est entaché de pas mal d’erreurs, le font est là et reste très pertinent. Je n’ai donc pas intérêt à pénaliser les auteurs et la note que je mets est en remerciement pour leur travail… même si au final je ne sais pas de qui de l’éditeur, des auteurs ou des deux proviennent les diverses fautes de style et de mise en page qui ternissent ce livre qui semblait pourtant plein de bonnes intentions.

Jack-Slater
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le 24 févr. 2022

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