Je me passerai de commentaire sur Antigone, n'ayant rien de particulier à en dire. La pièce est plutôt agréable à lire et n'est en fait qu'un résumé qui nous remet en mémoire la pièce originelle de Sophocle. Je m'attarderai donc plutôt sur Les mariés de la Tour Eiffel qui porte certainement plus férocement la marque Cocteau. La marque Cocteau, car quoi d'autre ? Cocteau s'autoproclame chantre de la modernité et de la Poésie et prend la peine de justifier sa pièce par un texte liminaire d'une dizaine de pages aux ignares qui ne l'ont pas compris et ne la comprendront pas - en d'autres termes, aux cons qui osent juger Cocteau et donc la Poésie car, rappelons le, selon son consensus unanime, Cocteau est la Poésie ou la Poésie est Cocteau. Une fois avertis par ce modeste prologue à l’œuvre d'art (non pas une œuvre d'art, Cocteau ne fait pas d’œuvre d'art: il fait l'Art) que nous allons donc voir, nous voilà prêt à entrer dans le vif du sujet. Heureusement en lecture seulement, ma jeunesse m'épargnant d'assister à une représentation originale de ses pièces. Sans surprise les premières lignes de la pièce confirment l'arrogance de Cocteau et cet univers débile qui s'autoproclame Poésie (la vraie) - arrogance qui ne manque pas de nous faire penser à la posture (ou plutôt l'Imposture) subie par l'Art par le courant contemporain depuis environ un siècle. La scène s'ouvre donc sur un décor vide. S'enchaînent des dialogues sans aucun sens entre deux phonographes (oui, ce sont les deux seuls acteurs de cette pièce) pendant la dizaine de pages qui sont la scène, l'acte et la pièce des mariés de la Tour Eiffel. Jeu, set et match. Cocteau a vaincu. J'en parle déjà trop. De manière générale, on parle trop de ces Imposteurs de l'Art. Mais l'époque est tout de même sidérante: aujourd'hui, chaque exposition contemporaine créée encore la polémique, preuve que certaines âmes intelligentes résistent encore... pourtant Cocteau est aujourd'hui synonyme et même symbole de Poésie et Picasso plus populaire que jamais, ses toiles s'agglutinant dans les salons de riches particuliers qui jadis les décriaient. Oui, je les mets tous dans le même panier, non je n'en ai pas honte et oui je l'assume. Cessons ces courants de modes (avec leurs marques Picasso, Cocteau, Warhol et autres) qui ne sont autres que courants d'air pour se concentrer sur l'Art, le vrai cette fois. S'il vous plait.