Encore un roman avec des zombies ? Ben oui. Encore. Moi aussi, c'est ce que je me suis dit en commençant ce énième roman mettant en scène des zombies. Que pourrait-il y avoir de nouveaux sous le Soleil ?
Et pourtant, ce roman est très original. D'abord parce qu'il prend le parti de situer l'action bien après le réveil des morts (14 ans), mais aussi et surtout parce qu'il propose une vision intéressante de cet après.
D'abord, les morts ont gagné. S'il reste des communautés humaines de ci de là, la majeure partie de la planète a été laissée aux mains des zombies, dans ce que les survivants appellent : la Putréfaction. Ensuite, le rapport aux morts-vivants est très intéressant.
Globalement, la plupart des survivants ont du mal à faire le deuil de leurs proches disparus, et particulièrement en sachant qu'ils errent quelque part dans la nature sous forme de cadavre animé. Les hommes les plus audacieux se font payer pour aller dans la Putréfaction pour y donner le repos éternel à ces proches disparus. Ce sont les chasseurs de primes.
Et plus étrange, parmi ces chasseurs de primes, les plus respectés sont ceux qui ne se contentent pas de "poutrer du zombie", mais mettent fin à leur non-vie de manière humaine. Car c'est là le point d'importance : même après leur zombification, la plupart des survivants continuent à voir en eux les êtres humains qu'ils ont été.
C'est en cela que situer l'histoire bien après le réveil des morts est une riche idée. Cela permet à Jonathan Maberry de développer un monde post-guerre zombie cohérent, avec ses légendes, ses héros (anonymes ou non) et son aspect psychologique (déni de réel, traumatisme psychologique, culte rendu aux zombies...)
Le personnage principal, Ben, est lui un adolescent arrivé au carrefour de sa vie. Âgé de 15 ans, il doit se trouver un métier avant la fin de ses congés scolaires faute de quoi ses rations journalières seront réduites de moitié.
En bon ado qui se respecte, Ben est en opposition avec son grand frère Tom (la seule famille qui lui reste), de presque 20 ans son aîné, qui officie comme chasseur de primes. Persuadé que c'est en fait un lâche qui se donne de grands airs, Ben lui reproche d'avoir abandonné leurs parents lors du réveil des morts.
Histoire classique de crise d'adolescence donc, mais pas seulement, le récit se prêtant aussi à un questionnement sur ce qui fait un homme, sur le respect dû aux morts (même vivant !) et sur les excès auxquels peuvent s'adonner les hommes lorsqu'ils se croient tout permis.
Un roman intelligent et plaisant, même si certains ressorts narratifs sont prévisibles (ceci étant sans doute dû au fait que le roman semble viser un cœur de cible d'ados et de jeunes adultes. Ou alors, c'est que je lis trop...)