Pendant mes études d’Histoire, j’ai surtout appris à ne pas déborder du cadre, à ne pas trop extrapoler, à ne pas jouer avec mon imagination au-delà de limites très claires, strictes même. Le romancier lui peut se le permettre et j’adore cela. Surtout quand il le fait avec intelligence, au service de son intrigue bien construite, plausible dans son univers recrée.
Lire donc un roman avec des bases réelles (plus ou moins ténues, qui divisent encore beaucoup, font débat), mais ensuite avec un récit fictionnel ne me dérange absolument pas.
L’ensemble est sombre, mais cela on s’en doutait. On ne choisit pas cette lecture complètement au hasard.
Le style est ciselé, presque oserai-je dire que l’auteur utilise un scalpel pour nous livrer un texte qui est tranchant, vif, que l’on dévore parce qu’on est happé par ce récit avant tout humain même s’il est noir. Les parts d’ombre sont tellement nombreuses dans l’Histoire que cela ne choque pas au contraire. Cela ne fait que rentre ce livre plus crédible. On oublierait un peu trop facilement que ce n’est qu’une fiction.
Le style est aussi très visuel. J’avoue avoir eu vraiment la sensation de visionner un film plutôt que de lire un livre. Mon cerveau était la caméra guidée par la plume de l’auteur.
Je ressens l’énorme travail qu’il a fallu à René Manzor pour écrire un tel roman. Pour autant cette somme ne se perçoit pas à la lecture. Au contraire, c’est fluide. C’est encore plus remarquable.
Ce plongeon dans le passé est haletant, glaçant, grinçant, vertigineux, audacieux et pourtant, on en redemande car il nous parle de choses essentielles même de nos jours car si les techniques, les technologies, les cadres de vie ont évolués, les hommes restent les mêmes, leur attentes sont identiques, leur ressentis, leurs émotions idem…
A découvrir !