Quand on apprend que « Apocryphe », a bien failli ne jamais voir le jour, la lecture prend une dimension différente et sa saveur n’en est que meilleure.
Le Destin était en marche… Peut-être un brin de divin dans cette publication… Mais attention, nous sommes bien dans un roman noir, même si l’auteur s’est inspiré d’une réalité que beaucoup pensent vraie. Une intrigue qui prend sa source dans ce qui aujourd’hui divise encore et surtout par-delà les divisons opposent des millions de personne.
La force de cette intrigue est de se servir d’une trame « historique » qui donne une réalité au récit, au point d’oublier que nous sommes bien dans un récit fictif.
La plume est d’une fluidité saisissante, concise et ciselée. Un vrai travail d’orfèvre dans les mots que l’auteur pose avec justesse, sans jamais perdre son lecteur dans des descriptions futiles.
« Apocryphe » porte bien son nom, puisque l’auteur suggère une réalité possible. Et si… Et si…
Une image peu conventionnelle de Jésus, puisqu’il est beaucoup plus un être humain qu’un être divin. Mais elle ne sert, que pour donner corps à l’histoire de David de Nazareth, fils caché de Jésus.
On se demande pourquoi l’auteur s’est lancé ce défi et comme un devin qui vient éclairer notre chemin, il nous livre une réponse que j’ai trouvé très belle « C’est l’enquête apocryphe d’un croyant de naissance qui fait appel au petit-fils du charpentier pour retrouver la foi ; et ce dans ce qu’il a de plus humain, de plus organique. C’est la perquisition littéraire d’un baptisé qui cherche désespérément à retrouver l’odeur du Jourdain. Ce sont les aveux d’un homme qui doute. Mais… Le doute, n’est-il pas le principe de la foi ? Quand on dit « je crois », c’est bien qu’on n’est pas sûr. »
A elle seule, cette phrase montre toute l’humanité que l’auteur a voulu mettre dans son thriller-historico-biblique où des personnages fictifs côtoient ceux bien réels et connus qui jalonnent nos livres d’Histoire avec un grand « H »
Cela peut soit dérouter le lecteur, soit complètement l’embarquer et se prendre au jeu de cette plume qui nous propose et cela de manière très visuelle (une déformation professionnelle qui sert la plume) de nous plonger dans un roman épique, un péplum que l’on lit comme on regarde ces vieux films en noir très à la mode à un moment donné.
N’allez pas croire que l’auteur s’est lancé tête baissée dans un tel roman ! Bien au contraire, le travail de recherche a duré deux ans avant de pouvoir faire profiter le lecteur de ce thriller.
Les personnages sont empreints de réalité et de réalisme, où les sentiments humains sont d’une description détaillée, mais sans jamais en faire trop, tout en permettant l’imagination du lecteur de se les approprier et de vivre à leurs côtés cette aventure autant humaine qu’historique.
C’est bien de cela que René Manzor nous parle, d’humanité, de doute, d’amour et de foi. La foi autant en Dieu que dans l’humanité qui se cache en chacun de nous, en chaque chose qui définit cet être complexe en perpétuel questionnement et en perpétuel besoin de réponses.
C’est le premier livre de l’auteur que je découvre et ce ne sera, certainement, pas le dernier. Une intrigue dense qui se lit avec avidité grâce à ce réalisme dont use l’auteur, un retour vers le passé qui se fait sans encombre et dont le lecteur devient le spectateur avide de comprendre, mais surtout avide de vivre. Le lecteur vit au rythme de cette intrigue qui a toutes les composantes d’un très bon thriller, servi par une plume très visuelle.
https://julitlesmots.com/2018/10/19/apocryphe-de-rene-manzor/