Cet ouvrage a été publié en 2019. Ce roman décrit une expédition spatiale qui a pour objectif d'étudier des exoplanètes sur lesquelles il y aurait de potentielles traces de vie. Mais, au contraire d'oeuvres relatant la recherche de vie extraterrestre pour mieux la détruire, il n'est pas question ici de colonialisme. Cette recherche est financée par les citoyens. On trouve dans ce roman des détails sur la vie des astronautes qui sont des femmes et des hommes lambda, loin de l'image d'Epinal développé par L'étoffe des héros sorti en 1983 ou la série uchronique For all mankind, que j'adore d'ailleurs. C'est l'amour de l'exploration qui anime les personnages de ce roman rafraichissant vers quatre exoplanètes aux faunes et aux flores différentes. Il n'est pas question ici d'envisager une colonisation ultérieure par l'homme qui ne ferait qu'annihiler des systèmes écologiques fragiles. On est ici à l'opposé de la volonté de certains ultra-riches de détruire l'écosystème de Mars pour y créer des colonies humaines. Et quand par malheur, un spécimen d'une planète explorée a le malheur d'entrer dans le vaisseau et d'y agoniser, on est en empathie avec la détresse de l'équipage. Nous sommes bien éloignés des rêves de colonisation, d'exploitation et d'extermination décrits par Avatar, de James Cameron. Bien entendu, ce dernier se dit justement critiquer le colonialisme. Mais, malheureusement, plus j'y réfléchis, plus je pense que son message a été pris par beaucoup au premier degré, comme l'a d'ailleurs relaté l'acteur Stephen Lang. Ce dernier a relaté les propos d'un spectateur que le félicitait d'exterminer la population autochtone de Pandora.
Le roman de Becky Chambers relate une Utopie, celle d'une exploration sans volonté d'hégémonie, bien loi de ce que l'homme connaît depuis des siècles. N'oublions pas que Christophe Colomb est un génocidaire. Le titre se réfère au message envoyé avec la sonde Voyager en 1977.
La narratrice s'interroge sur la pertinence d'un tel voyage alors que la Terre agonise. Or, il répond à la volonté de savoir, de découvrir l'autre tout en le respectant, au delà de l'humanisme qui met l'homme au centre de tout. Les quatre passagers ont une vision utopique mais réaliste; c'est à dire découvrir, rencontrer, penser l'autre, voir plus loin que l'horizon d'une boule de boue agonisant sous le joug de l'ultra libéralisme cher à la Bête immonde.