Si je devais conseiller la lecture d'un roman noir, "Après la guerre" figurerait tout en haut de la liste !
Il assume de la meilleure manière qui soit ses 520 pages et n'a rien à voir avec ces pavés dont nous abreuve la littérature du genre et qui s'étirent interminablement en fausses pistes plus artificielles les unes que les autres.
Hervé le Corre nous entraîne d'emblée dans une intrigue captivante dont la construction magistrale nous permet d'en démêler peu à peu l'écheveau.
Bordeaux, à la fin des années cinquante, est le théâtre où évoluent nombre de personnages qui ont collaboré avec l'occupant mais dont les manigances leur ont valu d'échapper à toute poursuite après la guerre. Parmi eux, le commissaire Darlac, pourri parmi les pourris, poursuivi par le désir de vengeance de Jean Delbos, réchappé de la déportation alors qu'on le croyait mort, continue sa route jalonnée de cadavres. le fils de Jean, quant à lui, qui n'a connu son père que dans sa toute prime enfance, est envoyé en Algérie où il découvre les horreurs d'une autre guerre.
Quel talent que celui d'Hervé le Corre qui passe avec le plus grand naturel d'un registre de langue à un autre sans jamais sembler prétendre à impressionner le lecteur !