"Déjà la PG, la police géologique, prenait les empreintes des fougères"...
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le 11 sept. 2011
J’ai lu autrefois un texte dans lequel Michel Houellebecq, qui me semble parfois un bon écrivain et très souvent un bon critique (voir son essai biographique sur Lovecraft), définit en substance Prévert comme un genre d’imbécile heureux, sur un ton qui ressemble bien moins à celui d’un roquet agressif qu’à celui d’un père de famille expliquant à ses amis que son fils de vingt ans est irrémédiablement stupide. Je reconnais que j’ai maintenant du mal à lire Prévert sans repenser à ce texte. Surtout en tombant sur une phrase comme « Hêtre / dit un autre / Hêtre c’est mon identité » (p. 20)… Il manque « Hêtre ou ne pas hêtre », « Mieux vaut être saule que mal accompagné » et « Tout ce que je sève, c’est que chêne sais rien ».
Arbres, donc, parle des arbres, fait parler des arbres, avec des gravures d’arbres par Georges Ribemont-Dessaignes, le tout imprimé sur du papier fabriqué avec des arbres. D’ailleurs « Les arbres parlent arbre / comme les enfants parlent enfant » (p. 11). Ça va plutôt bien à Prévert, ce côté simple ; et j’ajouterais un t à la fin de simple si je n’avais jamais lu d’autres de ses textes. Pas étonnant qu’on y trouve un avertissement écologique fort flasque : « Bien sûr la fin des arbres / ou la fin de la terre / c’est pas la fin du monde / mais tout de même on s’était habitué » (p. 58).
Assurément, Arbres n’a rien d’un classique, ni d’un futur classique. Disons que pour un lecteur qui aime tous les aspects de l’esthétique de Prévert, le recueil n’est pas un incontournable, et que pour celui qui déteste Prévert, ce ne serait sans doute pas la pire torture que de lui infliger.
Créée
le 9 juil. 2018
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