" Tu as payé cette merde vingt briques ? "
Une comédie qui en est clairement une, sans burlesque ni lourdeur, juste trois personnages dans un tableau blanc, on se croirait presque dans le Huis Clos de Sartre.
Un sujet qui pourrait vite tourner à des évènements plus graves, c'est d'ailleurs le cas, mais qui laisse très vite bien plus de place aux relations humaines polémiques et stériles qu'à l'art contemporain, qui n'est qu'un prétexte.
Un talent de Yasmina Reza pour faire passer directement des arguments comme innés, en les glissant furtivement au sein des dialogues, pour qu'ils s'encadrent naturellement et que le spectateur n'ait pas le temps de réagir, porté par l'action ; simple et efficace, tout ce qu'il faut.
Un texte simple, sans extrême richesse – c'est pas forcément ce qu'on demande à une comédie – mais court, très efficace, facilement porté sur scène mais pouvant porter d'autres propositions assez intéressantes.
Quant à la première création en 1994, avec Fabrice Luchini dans le rôle de l'amateur d' " Art " aussi fermé que Marc, Pierre Vaneck dans le rôle de ce dernier arrogant et stérile, et Pierre Arditi dans un rôle digne de Pierre Richard, planté là, entre le gris et le blanc de la conversation, cette mise en scène est tout à fait classique, avec une scénographie entièrement blanche et utile de manière à ce qu'elle ne crève pas les yeux. Ni trop, ni trop peu, le décor et le mise en scène représentent tout ce qu'il faut, et ce sont les acteurs qui attirent, avec les grandes envolées tonales de Luchini, parfois trop exagérées d'ailleurs, ou encore la tirade d'Yvan qui compte parmi les performances les plus spectaculaires du XX° siècle.