Quand il vaut mieux voir le film que le script...
Outre le fait que le livre se termine par un cliffhanger des plus odieux, invitant le lecteur à un « à suivre dans l'épisode 2 » pas très charmant, ce qui blesse surtout dans ce livre, c'est qu'il n'a pas vraiment d'unité centrale, contrairement aux autres tomes d'autres sagas. Ici, on a clairement affaire à une histoire en deux parties. On reste clairement sur sa faim après la lecture du tome un, contrairement après le visionnage du film, qui offre une histoire complète.
D'autres sagas littéraires ont bien su prouver qu'il était préférable de concentrer l'intrigue d'un tome sur un thème plutôt que de n'être en soi-même qu'un chapitre contenu dans un tout plus vaste. Petit exemple : « Harry Potter et l'Ordre du Phénix », qui axe son intrigue sur les manigances politiques du ministre pour garder le pouvoir (destruction de l'image d'Harry et de Dumbledore auprès de la communauté des sorciers, rythme de narration beaucoup plus lent et posé que le tome 4, négation du retour de Voldemort, Dolorès Ombrage et sa tyrannie à l'école, etc...)
En bref, proposer une histoire en deux parties, ça ne le fait pas. Certes, il y a bien des diptyques cinématographiques tels que « le Che », « Mesrine » ou encore l'attendu « Bilbo le Hobbit » toujours sans réalisateur... mais on parle ici de films limités par un rythme et un format imposants une longueur maximale à ne pas dépasser. Ce n'est nullement le cas des livres, et je ne vois pas ce que ça aurait eu de mauvais de fusionner « Arthur et les Minimoys » et « Arthur et la Cité Interdite » en un seul ouvrage de 400 pages !!
Outre l'arnaque totale que peut être cette histoire dans la manière dont elle nous est présentée, « Arthur et les Minimoys » souffre d'autres lacunes beaucoup plus techniques. Commençons tout d'abord par le plus évident : le style de l'écrivain. L'auteur démarre déjà par un choix risqué : écrire au présent plutôt qu'au passé. C'est peu conventionnel, mais ça peut être un choix, un effet de style... sauf qu'il n'en est rien ! Luc Besson passe souvent du registre écrit au registre oral, employant des expressions qui cassent la narration. Un style assez difficile à avaler, donc. Mieux vaut ne pas en parler...
Ne parlons pas non plus de l'amourette plus qu'évidente entre Arthur et Sélénia, mise en scène avec très peu de finesse... N'ayant pas lu Twilight, je ne sais pas à quoi comparer ça... Loin d'être originale et inattendue, ce qui aurait pu passer pour une petite histoire d'amour sympa dans le film passe ici pour une pitrerie lourde et dénuée d'intérêt dans le livre. Peut mieux faire, donc.
En bref, mis à part le style parfois lourdaud, certains passages assez décevants (surtout à la fin) et un début trèèèès long, « Arthur et les Minimoys » reste assez sympathique dans l'ensemble sans que l'on ait à souffrir de migraine à chaque lecture. Une fois le chapitre un (deux fois plus longs que les autres) passé, le reste s'enchaine tout seul. De ce « reste », il n'y a que peu à retirer, malheureusement...
Je tiens à féliciter Luc Besson d'avoir adapté fidèlement son roman à l'écran, en enlevant les quelques coquilles de la mise en scène. A l'avenir, j'irai voir « Arthur et la Vengeance de Malthazard » et « Arthur et la Guerre des Deux Mondes » en films sans passer par la case bouquins.