Ludwig Hohl : Outsider Suisse. Asocial (forcément). Maniaque, rare tellement rare qu’il ne semble pas avoir d’œuvre pour lui (quelques notes, des aphorismes, un journal impublié). Il vit dans une cave, accroche ses manuscrits sur un fil à linge, ses éditeurs se méfient, il y a de quoi : le bonhomme est globalement inquiétant, trop pur, visant trop haut.
Ascension : C’est le texte le plus accessible de Hohl, le plus « trouvable ». Encore jeune, et alpiniste acceptable, il avait parcouru les alpes et enchaîné une multitude de sommets (Suisse, Haute-Savoie, Dauphiné…) il avait noté dans un cahier toutes ses « courses », répertoriant minutieusement topographie, paysage et exercice physique. Ces cahiers sont en quelque sorte la base, le matériel initial d’Ascension, il n’y avait plus qu’à sculpter. La sculpture fut pourtant longue à venir, par maniaquerie, gout de la perfection Hohl la « retouchera » six fois, avant de la montrer en 1975. Le résultat est probant, c’est l’un des plus beaux « romans de montagne » qui soient. Au début on s’y ennuie pourtant un peu on est presque déçu, mais assez vite on est déçu en bien et vraiment intéressé. Il faut simplement grimper sur son ennui pour découvrir une vue splendide, l’air devient pur et cristallin, l’horizon ontologique, la grande œuvre rôde, le lecteur est ravi. Concernant l’ontologie on a imaginé Hohl en Nietzche alpiniste, il y a de ça, pour ce qui est de l’allégorie on a comparé Ascension à Moby Dick, il y a de ça aussi. Je n’ai rien dit de « l’intrigue » elle est simple, forcement simple : deux alpinistes et une montagne, les deux alpinistes se séparent, l’un monte, l’autre redescend, mais la montagne est toujours là. Il y aura du tragique, il ne peut y avoir que du tragique, l’issue est toujours fatale, that’ s life !
En complément, relire le Mont Analogue de René Daumal.
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