Ah la Guyane...

Atipa est le premier roman paru en créole guyanais en 1885 par un auteur inconnu. J'ai lu sa traduction française, pas que le créole ne se comprenne pas en créole, ça reste du français mal prononcé avec une grammaire plus simple, mais pour lire ça vite.

Alors oui c'est très bien si des guyanais écrivent, etc, mais ce qui est gênant ici c'est le message du bouquin, j'ai l'impression de lire une sorte de dialogue socratique avec un sage Atipa qui répond à tout le monde. Alors pourquoi pas ? Mais faut que ce qu'il dise tienne la route. Et je comprends que ça plaise aux guyanais et qu'ils en sont très fiers parce que tout est fait pour pour attiser une sorte de sentiment régionaliste (à l'époque où ce n'était qu'une colonie). Le livre s'adresse uniquement aux créoles et les prends comme les vrais habitants de la Guyane... Alors que bon ils sont là juste parce qu'ils ont été amenés là de force et c'est oublier les amérindiens.

Il y a tout un éloge du créole, comme quoi c'est plus beau que le français, car il n'y a pas de règles, c'est que de l'oral et de la prononciation, tout en se moquant des « nègres » qui parlent français car ils le parlent mal. En fait tout est fait pour les créoles restent entre eux, ne parlent pas aux blancs, n'aillent pas en métropole pour des raisons aussi valides que « il fait froid » et que donc il faut se chauffer. C'est ridicule... Et pourtant je suis le premier à aimer la Guyane pour son climat. Il va même jusqu'à accuser les créoles qui viennent en métropole et qui s'occidentalise à leur retour.

Mais dans ce discours on sent bien que le créole c'est pour les créoles et eux uniquement et donc si pour lui un créole qui parle français c'est ridicule, il en va de même pour les blancs qui se croient malin à parler créole et à soutenir certains délires indépendantistes.

Après il n'y a pas réellement d'intrigue, en ce sens c'est pas inintéressant, mais mine de rien c'est assez essentialiste, les « nègres » sont comme ceci, comme cela, là-bas ils sont comme ça, comme ci, un discours qui ne fait pas sens aujourd'hui.

Mais ça reste plus un document histoire intéressant sur la Guyane d'un autre temps, à la fin de l'esclavage qui avait été aboli quelques décennies plus tôt et j'aurais aimé voir ça, voir cette Guyane là, mais le reste, notamment tout le discours, c'est à jeter tant c'est symptomatique d'un communautarisme et du fait qu'en Guyane finalement il y a plein de gens différents, mais qui ne se mélangent pas et qui se jaugent et se méprisent.