Un beau récit, quoiqu'un peu court (155 pages, écrit gros), sur les affres de la colonisation française en Algérie.
L'histoire prend place en 1845, soit 15 ans après le début de la colonisation et nous compte l'histoire croisée d'une famille de colon agricole et d'un régiment de soldat engagé dans la mission aveugle de "pacification". J'ai été happé par le récit du quotidien et de l'ordinaire de la famille de Séraphine au sein des chapitres intitulés "Rude besogne". Les pages qui content l'épisode de choléra dont a été victime la colonie constitue le passage le plus foudroyant de cette courte lecture et raisonnent comme un écho lointain à "La peste" de Camus. J'ai en revanche eu plus de mal à me laisser surprendre par le récit du soldat au sein des chapitres "Bain de sang". Ces derniers, extrêmement crus, sur la forme comme sur le fond, m'ont à certains égards rappelé le "Guerre" de Céline paru l'année dernière, notamment par le phrasé des soldats.
Il n'en reste pas moins que c'est un bon livre, très accessible en dépit de sa violence manifeste, et qui éclairera les lecteurs sur une énième sombre frange de l'histoire de la République française dont le travail de mémoire et de déconstruction n'a, à ce jour, toujours pas été réalisé.
À noter la superbe couverture de l'ouvrage, reproduction d'un tableau de Martin Zaniolo, intitulé "Pasaje".