Résumé
Reportage poignant qui permettra de mettre un terme au bagne par le biais d'arguments mêlant humanisme et promotion d'un colonialisme efficient.
Détails
Si l'essentiel de l'ouvrage est composé d'une description assez détaillée du bagne et de ses composantes géographiques et administratives, la lettre au ministre des colonies révèle beaucoup de la pensée d'Albert Londres.
Légitimement choqué par ce qu'il a vu durant son reportage, il demande la réforme de ce bagne pour des raisons sanitaires, économiques, et juridiques. Ces arguments portent notamment sur l'humanisme et le bon sens juridique - ne pas condamner un homme deux fois pour le même délit/crime par exemple. Il y démontre également les conséquences terribles de cet enfer, notamment dans le manque de nuance dans les types de peines entre les différentes délinquances. Ce qui donne évidemment une grande place à la récidive, et minimise fortement les chances d'un amendement éventuellement positif pour le bagnard.
Mais le problème majeur de son argumentaire réside dans la promotion de ces réformes dans une perspective coloniale. Au delà d'une question morale, il y défend la nécessité économique d'un colonialisme qui saurait faire mieux travailler les populations sur place afin d'optimiser l'emprise française sur la Guyane. Il est évident que cela est à resituer dans le contexte de l'époque, tout comme l'emploi de certains termes, mais ce n'est pas une raison pour dissimuler ces défauts. Il aurait d'ailleurs été souhaitable d'avoir une édition du livre annotée pour pointer ces éléments problématiques.
Cela étant, ce texte reste un document très intéressant, historiquement important et un bel exemple de la pertinence du travail d'un·e journaliste d'investigation.
7.5/10