N°11 des aventures des Rougon et des Macquard, je continue vaillamment la saga complète. Sortant de cet épisode très partagé.
Nous avons pris l'habitude d'un Zola très pessimiste sur la nature profonde de l'humanité. Seuls les enfants (et encore, pas ceux gâtés) et les jeunes amoureux (surtout avant le sexe) trouvent grâce à leurs yeux. Comme l'idée que la nature humaine si elle commence bonne parce que pure et vierge, finit toujours par se dégrader au contact des autres : la lutte pour la subsistance, pour le pouvoir, pour les femmes, pour le confort. Tout emmène vers le fond.
En l'espèce, Emile nous emmène au coeur d'un grand magasin, dirigé par Octave Mouret, un être dépeint comme enthousiaste, visionnaire et ambitieux. Première surprise : Octave Mouret a certes des défauts, mais on ressent dans sa description, une vraie admiration pour ce garçon, pour sa frénésie. Et sans doute pour son amour vrai pour Denise.
Denise, encore plus, ne souffre d'aucun défaut aux yeux de notre auteur national. Et là, je peux plus facilement comprendre. Denise ne fait de tort à personne, au contraire, elle aide les autres autant qu'elle peut.
Zola prend également beaucoup (trop) de temps à décrire l'essor de ces grands magasins sous l'époque des grands travaux hausmanniens (hartmanniens dans le roman). On y ressent une certaine fascination. Ce n'est pas inintéressant, mais c'est trop. Il est plus intéressant d'explorer les mécanismes de marketing exploités par Mouret : la politique prix, la création artificielle du besoin, la compulsivité de la femme (oui, c'est la femme qui compulse). Et également à quel point l'essor du grand commerce génère la mort des petits commerces.
Et là aussi, c'est marquant de voir quel est le parti pris de Zola : il dépeint des petits commerçants butés dans leur fierté et leur incompréhension du progrès en la matière. Ce n'est que leur faute. Ils sont trop cons, ils ont trop d'égo. Ce n'est jamais Mouret, le problème.
Un roman pas inintéressant, mais un peu long dans la description du magasin, des rayons, des articles en vente. Et pour ma part, j'ai de la peine à sentir de l'empathie pour Mouret, qui est finalement, aussi un opportuniste sans beaucoup de scrupules. Juste malheureux de ne pouvoir pécho Denise.